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explications ne seront pas inutiles. Si l’application de détail est nécessairement compliquée, le principe du moins est excessivement simple.

Jetons au préalable un coup d’œil sur l’ensemble de la tarification des marchandises sur les chemins de fer français.


I. — BASES GÉNÉRALES DE LA TARIFICATION DES MARCHANDISES.

Aux termes du cahier des charges, les marchandises sont divisées en quatre classes. Les trois premières sont taxées d’après les bases de 16, 14 et 10 centimes par tonne et kilomètre, toujours les mêmes, quelle que soit la longueur du parcours ; la base kilométrique de la taxation de la li classe n’est pas constante, elle est d’autant plus basse que le parcours est plus grand : initialement fixée à 8 centimes, elle est de 5 centimes pour un parcours de 100 kilomètres et de 4 centimes au-delà de 300.

Cette 4e classe offre ainsi l’exemple de l’application légale, obligatoire, d’un principe éminemment rationnel, le principe différentiel, d’après lequel la taxe d’un transport, croissant toujours avec la distance, croît cependant moins rapidement qu’elle.

Principe éminemment rationnel, disons-nous, et pour deux raisons : d’abord, les frais de traction ne sont pas exactement proportionnels à la distance ; ils contiennent un certain nombre d’élémens qui restent les mêmes, quelle que soit la longueur du parcours ; ensuite et surtout, il est utile, même au prix d’une certaine anomalie, d’étendre pour les consommateurs le rayon possible de leur approvisionnement, pour les producteurs, le rayon dans lequel ils peuvent raisonnablement écouler leurs produits.


Ce Tarif légal du cahier des charges ne s’applique jamais dans la pratique : il est trop absolu, trop invariable pour être autre chose que l’indication d’un maximum. Aux quatre classes entre lesquelles le cahier des charges répartit les marchandises, en en dénommant, d’ailleurs, une faible quantité, toutes les compagnies ont substitué d’un commun accord, en 1879, une répartition uniforme de toutes les marchandises transportables en six séries, dont les bases kilométriques initiales varient de 16 à 8 centimes par tonne. C’est ce qu’on appelle le Tarif général.

On a embrouillé à plaisir la question des tarifs en en multipliant outre mesure les subdivisions. Il n’est pas besoin de tant de noms de baptême. Il n’y a, en réalité, que deux sortes de tarifs : le Tarif général et les Tarifs spéciaux. L’un et les autres sont établis, sur tous les réseaux, d’après le principe différentiel.

Le tarif général s’applique aux envois ordinairement de détail,