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allons l’établir en prenant quelques exemples, les plus frappans, relatifs à la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, parmi ceux qu’a fournis la récente enquête commerciale ; nous voulons parler des fruits frais, des légumes frais et des vins, pour lesquels la chambre de commerce de Paris, la chambre de commerce de Montpellier, la chambre syndicale de navigation de Cette, la Société d’agriculture d’Avignon, ont formulé des critiques précises et formelles. Examinons-les.


Si l’on en croyait la chambre de commerce de Montpellier, le commerce des raisins de table de l’Hérault avec Paris serait compromis et entravé par le traitement plus favorable que nous appliquerions aux raisins en provenance d’Espagne. Compromis, pas encore, à coup sûr ; car si, de I884 à 1889, le tonnage total des raisins expédiés de tous les points du réseau Paris-Lyon-Méditerranée sur Paris est passé de 7,000 à 8,800 tonnes, celui des raisins de l’Hérault seul s’est accru de 500 à 2,500 tonnes, accroissement rassurant pour la vitalité de ce trafic.

Quant aux raisins d’Espagne, ils sont taxés sur Paris, en grande vitesse, 480 francs au départ de Murcie, contre 205 francs au départ de Montpellier. Ce n’est pas, évidemment, du prix total qu’il y a lieu de se préoccuper, mais de la part de ce prix total de Murcie qui est afférente au parcours de Montpellier à Paris. Cette part est de 197 fr. 50, plus faible de 7 fr. 50 que la taxe imposée pour le même parcours aux raisins de l’Hérault. — Inde iræ ! Quoi de plus naturel, cependant ?

Pour étendre le rayon d’approvisionnement de Paris, pour rendre possibles les transports à grande distance, la compagnie de Lyon a cru devoir établir son tarif spécial intérieur n° 10 sur des bases différentielles, c’est-à-dire sur des bases kilométriques décroissant d’autant plus que le parcours total augmente davantage. Après avoir appliqué ce principe jusqu’à l’extrémité de son réseau (Cette), elle l’a étendu, d’accord avec la compagnie du Midi (tarif commun 110), jusqu’aux Pyrénées, et, d’accord avec les compagnies espagnoles (tarif commun 210), aussi loin qu’il a paru intéressant et possible de pousser le rayon d’approvisionnement de la capitale.

Dans ces tarifs, les taxes totales vont toujours, cela va sans dire, en croissant avec la longueur du parcours ; elles passent, par exemple, de 20 francs de Fontainebleau à Paris (pour 59 kilomètres), à 96 francs pour Dijon, 143 francs pour Lyon, 200 francs pour Avignon, 266 francs pour Perpignan, 290 francs pour Barcelone, pour atteindre enfin 480 francs à Murcie (1,859 kilomètres de parcours total).