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pas proportionnellement (sans quoi l’exagération des prix aurait bien rapidement conduit à l’impossibilité des transports), et la base kilométrique de ces taxes est d’autant plus faible que la distance totale à parcourir est plus forte.

C’est ainsi qu’une tonne de vin expédiée à Paris supporte :


De Dijon 314 kilomètres, une taxe de 21 fr. 30, soit 0 fr. 068 par kilom.
De Mâcon 422 — — 26 fr. 10, soit 0 fr. 062 —
De Lyon 488 — — 28 fr. 50, soit 0 fr. 058 —
De Valence 599 — — 32 fr. 50, soit 0 fr. 054 —
De Cette 776 — — 39 fr. 70, soit 0 fr. 051 —
De Barcelone 1126 — — 52 fr. »», soit 0 fr. 046 —
De Tarragone 1229 — — 52 fr. »», soit 0 fr. 042 —
De Valence 1504 — — 52 fr. »», soit 0 fr. 037 —


Plus le point de provenance espagnole s’éloigne des Pyrénées, plus le fret maritime peut diminuer, avec la durée même du transport par mer, plus au contraire augmente la distance par rails. Les chemins de fer ne peuvent songer, comme il le faudrait cependant pour lutter avec la navigation, à appliquer à un parcours plus long une taxe plus faible que celle qu’ils appliquent à un parcours moindre : la clause des stations intermédiaires édictée, et avec raison, par la législation de tous les pays s’y opposerait ; mais du moins quand elle arrive à 50 francs, prix auquel les transports peuvent être, à la rigueur, disputés à la voie maritime, qui se contente de 30 à 35 francs, la taxe cesse de croître.

C’est contre la situation que nous venons de résumer en chiffres que proteste le commerce de Cette. Quand il dit que nous transportons les vins d’Espagne à meilleur marché que les vins de l’Hérault, ce n’est manifestement qu’une formule de langage, formule à effet par sa concision même, mais qui, dans son inexactitude démontrée par les chiffres ci-dessus, fait illusion aux masses et peut même finir par faire illusion à ceux qui l’emploient et la répètent trop souvent.

Ce que l’on veut dire, et sous cette forme cela est vrai, c’est que, pour un parcoure déterminé, celui de Cette à Paris, par exemple, alors que les vins produits à Cette supportent une taxe de 39 fr. 70, les vins provenant de Tarragone ne supportent que 29 fr. 65; ceux provenant de Valence (Espagne) que 26 fr. 90. — C’est vrai, mais ils n’en ont pas moins à acquitter une taxe totale de transport de 12 francs au moins supérieure à celle des vins de l’Hérault.

Mais faisons même, pour un instant, abstraction de l’existence et de la concurrence de la voie maritime et fluviale, de la voie de pénétration par excellence, nous ne saurions trop le redire; supposons