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sombre. Tous ont l’air grave, on voit qu’ils sont pénétrés de l’importance de leur mission.

Neuf heures et demie. M. Swift monte au fauteuil, la séance est ouverte. Le chairman provisoire prononce une courte allocution, il souhaite la bienvenue aux corporations nouvelles représentées au congrès, puis il passe en revue les progrès de l’unionisme depuis l’année déjà lointaine où la septième assemblée plénière se réunissait aux bords de la Mersey ; il termine en invitant ses collègues à procéder à l’élection du bureau. On vote, et, conformément à l’usage toujours respecté de confier les fonctions honorifiques à des personnages locaux, MM. William Matkin et Goodman, tous deux de Liverpool, sont appelés à la présidence et au secrétariat. Le premier appartient à l’union des charpentiers ; nous aurons l’occasion de parler de son discours d’ouverture et des réformes dont il a préconisé l’adoption. On passe rapidement à la nomination des quatre tellers ou scrutateurs, on désigne le vice-président et le trésorier, puis les deux auditors chargés de régler les comptes et les cinq membres qui doivent composer la commission des standing orders (règlement et ordre du jour) sont élus sans opposition. Les formalités préliminaires sont achevées et la discussion va commencer lorsqu’un délégué de Londres, M. Shipton, demande la parole pour une motion urgente ; il a reçu un télégramme des grévistes de Melbourne ; les ouvriers de cette ville implorent, dans la lutte gigantesque qu’ils ont engagée, l’appui de leurs camarades de la Grande-Bretagne. À peine l’auteur a-t-il fini, M. John Burns se lève : « Ce n’est pas sur une question d’heures ou de salaires que nos frères d’outre-mer ont abandonné le travail, s’écrie-t-il. Non, le désaccord provient de considérations plus élevées. Il s’agit pour eux de faire reconnaître et accepter leur organisation par les patrons. C’est le principe même de l’union qui est en jeu. Nous sommes d’autant plus obligés de les soutenir qu’ils ont envoyé, l’année dernière, à Londres, à l’occasion de la grève des docks, un subside de 38,000 livres. » M. Tom Mann vient à la rescousse et emporte le vote en annonçant que les journaliers de la capitale, ce corps si méprisé de certaines gens, ont déjà fait parvenir en Australie la somme de 1,000 livres sterling. L’incident réglé, M. Swift disparaît et M. Matkin le remplace à la présidence. Il invite M. Broadhurst à donner lecture du rapport du comité parlementaire. Ce document, nous l’avons expliqué, n’est autre chose que le compte-rendu détaillé de l’œuvre accomplie par la commission exécutive, au cours du précédent exercice. L’assemblée l’écoute en silence et son attention redouble au moment où le secrétaire démissionnaire, passant en revue les travaux de l’année, arrive à la partie la plus délicate de sa tâche : ses collègues et lui n’ont pas