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déjà présenté le premier au lecteur ; c’est un député de Newcastle, une sorte de pasteur laïque qui jouit dans le nord d’une légitime popularité. Bien qu’il ne soit pas opposé à la limitation légale de la journée des mineurs, il ne méconnaît pas les difficultés d’ordre pratique que rencontrerait l’établissement d’un code uniforme applicable à tous les métiers. Au cours d’une vie bien remplie, il a toujours fait preuve de modération et de sagesse. Le second, esprit irrésolu, semble s’être rallié à la dernière heure, et sans grande conviction, au dogme de l’État protecteur. Le troisième ne cachait pas à ses collègues qu’il était un partisan décidé de l’intervention gouvernementale et des mesures votées la veille à une faible majorité. L’assemblée a accordé ses préférences à M. Fenwick, qui a recueilli, au premier tour de scrutin, 171 voix contre 147 à M. Shipton et 76 seulement au délégué le plus radical. Au ballottage, ce dernier se retire, et c’est le représentant du Northumberland qui l’emporte par 197 suffrages ; M. Shipton n’en obtient que 181. Ainsi, par une contradiction qui serait inexplicable s’il ne fallait en chercher les raisons dans les scrupules tardifs de l’unionisme, le choix de l’assemblée se portait sur un adversaire à peine déguisé de la réforme chère au congrès, alors qu’un de ceux qui déployaient le plus d’ardeur à la conquérir était complètement distancé par ses concurrens. On retrouve les mêmes inconséquences dans l’élection des membres de la commission exécutive. Les dix élus diffèrent sensiblement d’opinion sur la méthode à employer pour arriver à la réduction des heures. M. Burns, qui ne venait que le treizième sur la liste, ne réussit plus tard à siéger au comité que grâce à la démission de deux modérés qui refusèrent d’y rester et de s’associer à l’élaboration de la loi. Peut-être, en acceptant courageusement leur mandat, eussent-ils servi plus utilement la cause sacrée de la liberté du travail.

Nous passerons rapidement sur les dernières délibérations du congrès. Elles se ressentent de la hâte qui y a présidé, de l’impatience que les délégués avaient d’en finir. M. Tom Mann, de Londres, préconise la création d’ateliers municipaux où les travailleurs inoccupés seraient assurés de trouver de l’ouvrage. Il y a plus de quarante ans on demandait, en France, si nous ne nous trompons, quelque chose de semblable. Sans débats et sur un simple énoncé de la proposition, la motion est votée, malgré les objurgations de M. Holmes, qui s’attend à ce que l’assemblée réclame bientôt aux pouvoirs publics le soleil et les étoiles. M. Burns voudrait mettre en quarantaine tous ceux qui refusent de se courber sous le joug de l’unionisme. Il n’accordera désormais sa protection qu’aux arma-