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étaient, ils pouvaient, d’ailleurs, s’acquitter rapidement de leur tâche et nous savons que cinq de ces tableaux de Verschooten, contenant chacun sept personnages, ont été exécutés par lui dans la seule année 1626 dont ils portent la date.

À ce compte, ce n’étaient pas seulement des centres importans comme ceux que nous venons de citer, mais des villes tout à fait secondaires qui pouvaient prétendre à orner leurs Doelen, en encourageant en même temps les artistes qu’elles possédaient. Dans toutes les parties de la Hollande et jusque dans les plus petites localités, on rencontre aujourd’hui des musées nouvellement créés dont ces tableaux de corporations forment le principal fonds et qui nous apprennent à connaître les noms de peintres provinciaux jusqu’ici tout à fait oubliés. À Gouda, c’est Jan Daems de Veth qui reçoit du conseil de guerre de cette ville 126 florins pour deux toiles datées de 1615 et 1619, et représentant l’une quatorze et l’autre vingt membres de la milice bourgeoise rangés sur deux files, œuvres d’une exécution sommaire et d’une sincérité un peu brutale. En 1642, dans la même ville, Wouter Pietersz Grabeth, petit-fils du célèbre verrier de ce nom, touche, de son côté, une somme de 400 florins pour un tableau assez médiocre dans lequel il s’est peint lui-même avec treize autres officiers d’une compagnie dont il avait été plusieurs fois capitaine de 1628 à 1642. À Alkmar, Zaccharias Paulusz, W. Bartius et Cesar van Everdingen nous montrent les chefs des corporations militaires de cette vaillante cité, le dernier dans plusieurs peintures, dont l’une, datée de 1641, est bien supérieure aux tableaux mythologiques par lesquels il s’est surtout fait connaître. À Hoorn, où l’ancien Doelen de 1615, avec sa porte d’entrée, surmontée d’une statue de saint Sébastien, sert encore aujourd’hui d’hôtellerie, nous trouvons au tribunal et à l’hôtel de ville de nombreux tableaux de gardes civiques exécutés de 1649 à 1655, par A. Rootius ; ouvrages assez corrects, mais d’un modelé un peu mou, de cet artiste qui, en son temps, iut presque aussi apprécié que Van der Helst. Delft et Middelbourg avaient aussi leurs peintres spéciaux, et l’on peut également voir au musée de Rotterdam trois tableaux de gardes civiques provenant de la petite ville de Goës, exécutés en 1616 et 1624 par C.-W. Eversdyck. Si la composition en est encore inexpérimentée et la facture un peu rude, ils prouvent du moins à quel point ces sortes de représentations étaient alors répandues en Hollande. Trop souvent, sans doute, les œuvres produites dans ces modestes localités sont assez vulgaires et à voir, exagérées encore par leurs portraitistes, les grâces compassées et les attitudes prétentieuses de ces braves bourgeois, le sourire vient facilement aux lèvres. Mais le sentiment qui les a poussés à commander ces ouvrages est respectable, et l’on