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camphrier de Sumatra, arbre de grande valeur, est excessivement difficile à obtenir, d’abord parce que ses graines sont rares, ensuite parce qu’elles perdent très rapidement leur faculté germinative, même pendant un court voyage. Par des soins spéciaux, Teysmann a cependant réussi à introduire l’arbre à Buitenzorg. En 188ô, les pieds du jardin botanique ont commencé à fructifier, et maintenant le jardin d’agriculture est en possession d’une jeune plantation de camphriers de Sumatra ; tandis qu’en outre un assez grand nombre de plants pourront être distribués dans la prochaine mousson pluvieuse. Pourquoi le jardin d’agriculture possédait-il, peu de temps après leur découverte ou après leur mise en vogue, de nouveaux cacaotiers du Nicaragua ; des arbres à caoutchouc ; des plantes fourragères et de nouvelles variétés de caféiers du Brésil ; des végétaux oléifères, des plantes potagères et des arbres utiles du Gabon ; des lianes à caoutchouc de Zanzibar, etc. ? C’est uniquement parce que, étant une dépendance d’un grand jardin botanique, il peut offrir en échange à ses correspondans mainte plante intéressante au point de vue de la botanique ou de l’horticulture.

Les recherches faites jusqu’ici à Buitenzorg sur la pathologie et la physiologie des plantes de grande culture ont été peu nombreuses, et encore ont-elles dû être plus ou moins contraires aux intérêts du jardin, ce qui est à réprouver d’après ce que nous venons de dire. Dès l’arrivée des deux nouveaux fonctionnaires, le botaniste et le chimiste, exclusivement destinés à ce genre de recherches, le personnel scientifique du jardin botanique de Buitenzorg sera assez nombreux et varié pour répondre à tous les besoins. D’une part, tout abaissement du niveau scientifique de l’ensemble sera impossible ; d’autre part, de patientes et solides recherches fourniront à l’agriculture de sérieuses données, dont elle ne manquera pas de profiter. La souche conservera la sève nécessaire pour l’alimentation des branches, dont la greffe aura été faite avec des visées pratiques. Ce qui s’accomplira sous peu en vue de l’agriculture a eu lieu, il y a un an, pour la pharmacologie et la toxicologie, par la fondation du laboratoire pharmacologique. Bien que l’habile pharmacien-chimiste, qui est le chef de cette nouvelle division, ne soit qu’au début de ses recherches, les résultats obtenus dès aujourd’hui fournissent des preuves concluantes, tant de l’utilité de la mesure prise par le gouvernement colonial que de la nécessité de rattacher ce laboratoire à un grand jardin botanique.

Lors de la fondation de l’Hortus Bogoriensis, on n’a pas manqué d’entrevoir la grande utilité que la colonie pourrait en retirer dans la suite ; mais ce n’est pas là le motif qui a décidé en premier