Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaux pâturages. Les essences forestières qui, sur le Thian-chan, montent jusqu’à 2,100 mètres, font complètement défaut au Pamir.

De même que dans le Hindou-Kouch, le granit forme la majorité des chaînes du Pamir. Les dépressions entre les chaînes granitiques sont recouvertes, comme dans le Turkestan, par des roches sédimentaires cristallines, telles que les micaschistes et les schistes argileux ; les dépôts tertiaires sont limités à la partie sud-est du Pamir.

M. Severtzow, l’un des plus anciens et des plus sérieux explorateurs du Pamir, fournit des renseignemens intéressans sur sa faune ; malheureusement nous ne pouvons nous y arrêter, et sommes forcés de quitter cette contrée si importante pour continuer la revue de l’enceinte extérieure du Gobi, en abordant les massifs du Thian-chan qui forment les bords nord et nord-est du désert.

Ce sont les terrains anciens qui constituent particulièrement la partie bordée du Thian-chan ; ils sont représentés par le calcaire de montagne, accompagné çà et là de dépôts quaternaires.

De même que le Pamir et les contreforts est et nord du Thian-chan constituent la limite occidentale du Gobi, ainsi la limite septentrionale du désert est représentée par les chaînes qui longent la frontière méridionale de la Sibérie.

Parmi ces chaînes, c’est d’abord l’Altaï qui doit fixer notre attention ; mais nous ne nous y arrêterons pas longtemps, en renvoyant les lecteurs aux études que j’ai consacrées à cette importante chaîne[1]. Je me permettrai seulement de rappeler ici que la majeure partie de cette longue succession de massifs montagneux plus ou moins élevés, et dirigés en moyenne de l’est à l’ouest, est composée de roches cristallines et d’anciens sédimens schisteux, séparés les uns des autres et quelquefois traversés par des granits, porphyres et diorites. C’est sur toutes ces roches que reposent les dépôts diluviens ou récens dont l’énorme nappe s’étend au nord de l’Altaï jusqu’à la Mer-Glaciale, et, à l’ouest, jusqu’à l’Oural.

Les anciens terrains sédimentaires appartiennent aux époques silurienne, dévonienne et carbonifère ; il en résulte que la succession des terrains présente dans l’Altaï une immense lacune par l’absence du dyas, du trias, du jurassique, du crétacé et du tertiaire. C’est là un trait caractéristique pour la géologie de l’Altaï, auquel on peut ajouter l’extrême rareté du trachyte parmi les roches éruptives.

  1. Voir Tchihatchef, Voyage scientifique dans l’Altaï oriental et la partie adjacente de la frontière de Chine.