Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 97.djvu/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ministre plénipotentiaire, Matias Romero, très influent à Mexico et marié à une Américaine, miss Allen, de Philadelphie, José Limantour, d’origine française, neveu par alliance du ministre des affaires étrangères, et J. -N. Navarro, consul général à New-York. Manuel Aragon est délégué de Costa-Rica ; José Maria Camano, ex-président de la république, est celui de l’Equateur. Fernando Cruz, premier ministre, juriste et linguiste éminent, représente le Guatemala. Le Honduras a fait choix d’un ancien ministre des affaires étrangères, diplomate distingué, Jeronimo Zelaya. Le Nicaragua et le Venezuela ont désigné, le premier : Horatio Guzman, son ministre à Washington ; le second : MM. Peraza et Zegarra. Ces derniers états, consciens de leur faiblesse, reprenant à nouveau d’anciennes traditions, cherchaient, dans une fédération partielle, dans une union plus intime entre eux la force qui leur faisait défaut, quand la convocation de M. Blaine est venue suspendre les négociations entamées. Par leur situation comme par la nature de leurs produits, ils n’ont que peu de liens avec les États-Unis. À graviter dans leur orbite, ils ont plus à perdre qu’à gagner, et la ligue amphictyonique qu’on leur propose leur apparaît comme un protectorat déguisé.

Les élémens réfractaires ne font pas, on le voit, défaut dans ce congrès, et ce ne sera pas trop du prestige des États-Unis, de l’habileté de M. Blaine et de la science de ses collègues pour le mener à bonne fin.

À la séance d’ouverture, M. Blaine, président de la délégation des États-Unis, prit le premier la parole. Après avoir souhaité la bienvenue aux représentans des trois Amériques, il aborda l’objet de leur réunion, s’appliquant à faire ressortir, par la simplicité voulue du langage, la grandeur et l’importance de l’œuvre, écartant toute emphase de mots pour laisser parler haut les faits et les chiffres. « Vous êtes ici, leur dit-il, les représentans d’états dont la superficie territoriale est le triple de celle de l’Europe, le quart du monde ; d’un continent peuplé de plus de 120 millions d’habitans, à même d’en contenir plus d’un milliard. Les résolutions que vous adopterez auront sur la prospérité présente de l’Amérique une grande influence, sur l’avenir qui lui est réservé une plus grande encore. Cet avenir ne fait doute pour aucun de nous, et cette conviction ne saurait qu’accroître le sentiment de la responsabilité qui nous incombe. Libres et maîtres de ce continent, il dépend de nous d’augmenter nos forces par notre union, de nous aider et de nous soutenir mutuellement. Ici, dans cette république, sœur aînée des vôtres, nous estimons que nous avons tout à gagner, les uns et les autres, à faciliter et multiplier nos moyens d’échanges ; nous estimons désirable de relier les unes aux autres nos voies ferrées, en les faisant converger, du