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répondre aux besoins et aux vœux des travailleurs qui se sont manifestés dans les grèves des dernières années. Aussitôt que sera gagnée, en principe, l’adhésion à mon initiative, je vous charge d’inviter les cabinets de tous les gouvernemens qui prendront le même intérêt à la question ouvrière, à discuter, dans une conférence internationale, les questions en suspens. »

Le second rescrit, à l’adresse du ministre du commerce, déclare que les mesures prises jusqu’à présent pour améliorer la condition des ouvriers n’ont pas rempli entièrement leur but. Tout particulièrement, les prescriptions du code industriel relatives aux ouvriers de fabriques doivent être révisées afin de tenir compte des plaintes et des revendications des ouvriers, en tant que ces revendications et ces plaintes sont fondées. Il est du devoir des pouvoirs publics de régler la durée du travail et les heures pendant lesquelles il s’accomplit, de manière à garantir la santé des ouvriers, l’observation des règles de la morale, les besoins économiques et la légitime prétention des classes laborieuses à un traitement égal devant la loi. Dans l’intérêt des bons rapports entre ouvriers et patrons, le gouvernement a le devoir de fixer les règles pour la participation des ouvriers, par des délégués possédant leur confiance, à la discussion des intérêts communs, les mettant en mesure de faire valoir leurs droits dans les débats avec les patrons et avec les organes du gouvernement. Les dispositions à prendre doivent permettre aux ouvriers d’exprimer librement leurs vœux et leurs griefs et de fournir aux autorités administratives le moyen de se tenir au courant de la situation des travailleurs en restant en contact permanent avec eux. L’empereur désire notamment que les mines du domaine public deviennent, des établissemens modèles, susceptibles de servir d’exemple, par leurs institutions, pour favoriser et développer le bien-être des ouvriers employés dans ces exploitations. Toutefois, les difficultés que soulèvent les réformes en vue, pour conserver à l’industrie nationale ses débouchés à l’étranger, pour soutenir la concurrence sur le marché universel, rendent désirable une entente avec les gouvernemens des autres grands pays industriels, afin de régler, si possible, les difficultés au moyen de conventions internationales. — Le chancelier de l’empire a été chargé, à cet effet, d’inviter Les cabinets des états industriels à prendre part à une conférence analogue à celle dont le gouvernement suisse a pris l’initiative l’an passé. En attendant, le conseil d’état prussien a été réuni pour délibérer, sous la présidence même de l’empereur Guillaume, sur les questions à soumettre à la conférence.

Telle est, en substance, la teneur des deux rescrits impériaux publiés à la veille des récentes élections pour le Reichstag. Que ces