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cinquantaine de journaux quotidiens, de journaux illustrés, qui sont envoyés, à titre courtois, par les directeurs ou les gérans des recueils périodiques, qu’il convient de remercier, car ce « service gratuit » est une aubaine, justement appréciée par les pensionnaires auxquels les nouvelles du jour ne sont point indifférentes et que la politique agite encore quelquefois, ce qui prouve qu’ils ne sont pas tous arrivés à la sagesse parfaite. C’est dans la salle de lecture que l’on a placé la bibliothèque, contenue dans deux meubles munis de vitrage et fermés à clé. Elle n’est point à dédaigner, car elle est composée de deux mille volumes qui, au jour de l’inauguration, ont été le don de joyeux avènement offert par le Cercle de la librairie. Tous les volumes sont revêtus d’une reliure uniforme, frappée des armes de l’association des libraires et des imprimeurs, placées près du timbre de la maison de retraite. Les pensionnaires peuvent emprunter les livres, les emporter dans leur chambre, mais ils doivent les restituer au bout d’un mois. Le bibliothécaire est un ancien libraire que j’ai connu, il y a quelques années, directeur-gérant d’une des librairies les plus sérieuses et les plus estimées de Paris. L’impression et la surprise sont toujours pénibles lorsque l’on rencontre dans un tel établissement, si relativement riche qu’il soit, des personnes que l’on a vues jadis en situation prospère, actives au travail et déployant une intelligence que les destins n’ont point récompensée.

A l’époque où M. Husson, qui fut membre de l’Institut, était directeur de l’Assistance publique, pour laquelle il a tant fait, l’interdiction de fumer était presque générale dans les maisons hospitalières ; je me rappelle mon étonnement en lisant sur les murs des galeries de Bicêtre : défense de fumer ; cela prouvait simplement qu’il n’aimait pas le tabac. On est plus tolérant aujourd’hui, et nul ne paraît s’en plaindre. A la maison Galignani, les salles où la vie en commun est obligatoire sont seules réservées, ce qui n’est que correct. « Il est interdit de fumer au réfectoire, au salon et à la bibliothèque. » C’est l’article 39 du règlement qui le dit ; car il y a un règlement, on ne s’en douterait guère, tant il est doux et paternel ; il n’a rien d’étroit ; il ne fait qu’assurer la régularité du service et l’ordre nécessaire à un groupe de personnes vivant ensemble. La discipline générale, telle qu’elle est pratiquée, ressemble singulièrement à la liberté complète. Je ne vois de restrictions que sur trois points : ne pas entretenir d’animaux dans les logemens ; ne pas se livrer à des occupations pouvant troubler les voisins ; ne point poser des pots de fleurs sur les fenêtres. A sept heures du matin en hiver, à six heures en été, les pensionnaires peuvent sortir et doivent être rentrés à six heures, sauf autorisation du directeur