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Alors le loup habitera avec la brebis,
Le tigre se couchera à côté du chevreau.
Le veau, le lionceau, l’agneau vivront ensemble,
Et un petit garçon les mènera.

La génisse et l’ours paîtront dans la même prairie ;
Leurs petits reposeront côte à côte,
Le lion mangera de la paille comme le bœuf.

L’enfant jouera près du nid de la vipère,
Et dans le repaire de l’aspic le nouveau-né mettra la main.

Plus de mal, plus de souillure
Sur ma montagne sainte ;
Car le pays sera plein de la connaissance de Iahvé,
Comme la mer est pleine d’eau.

En ce jour-là, il y aura un rejeton d’Isaï
Qui sera élevé comme un drapeau pour les peuples ;
Les nations viendront lui rendre hommage,
Et sa résidence sera glorieuse.

Et en ce jour-là, Iahvé étendra une seconde fois la main
Pour rassembler les restes de son peuple
D’Assur, de Mesraîm, de Patros, de Cousch,
D’Elam, de Sennaar, de Hamat et des îles de la mer.

Et il élèvera un signe de ralliement visible chez tous les peuples,
Pour rassembler les exilés d’Israël
Et recueillir les dispersés de Juda
Des quatre coins de la terre ;
Et la jalousie d’Éphraïm cessera
Et les haineux de Juda disparaîtront.

Les deux familles d’Israël réunies battront les Philistins, les Édomites, les Moabites, les Ammonites. Iahvé, renouvelant les miracles de l’exode, rendra l’Euphrate guéable, pour que les restes de son peuple, qui seront dispersés en Assur, puissent revenir. Les justes du royaume idéal éclatent alors en un chant triomphal. La victoire sera le fruit de l’amélioration morale ; pour avoir l’appui de Iahvé, il faut être pur. La vraie politique a pour base l’ordre moral. La nation qui observe l’ordre peut être éprouvée, non vaincue.

Jamais peut-être mieux qu’à ce moment ne se voit la pensée des piétistes d’Israël. L’État est une fonction de la religion ; les ennemis ou les serviteurs tièdes de Iahvé perdent la chose publique ; les gardiens de la chose publique ont donc pour premier devoir de veiller à ce que Iahvé soit servi comme il entend l’être. Le vrai culte de Iahvé, c’est la pureté du cœur et des actions, l’horreur pour les fétiches matériels, en bois ou en métal. Les serviteurs de Iahvé sont des pauvres, des humbles. Les riches sont, en