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entre le taux de l’intérêt qu’elle sert et celui de l’intérêt qu’elle reçoit.

Pratiquement ses emplois de fonds ne sortent pas d’un cercle ainsi délimité : achats de valeurs absolument sûres, comme les rentes françaises ou des titres garantis par l’État ; avances au trésor pour divers services, prêts aux départemens et aux communes, compte courant au trésor. Ce compte courant a été ouvert à la Caisse en 1829. Il est productif d’un intérêt à 3 pour 100 aujourd’hui, comme il l’était à l’origine. De 1848 à 1860 seulement, le taux a varié de 3 1/2 à 4 pour 100. C’est dans ce compte courant que la Caisse verse les fonds disponibles provenant de toutes sources autres que les caisses d’épargne. C’est un compte d’attente, en quelque sorte le fonds de roulement de l’institution. Elle y puise les sommes nécessaires pour ses avances à l’État et pour ses prêts aux départemens, communes et établissemens publics; il constitue pour une bonne partie l’actif propre de la Caisse. Dans ces dernières années, le montant du compte courant général à 3 pour 100 s’était maintenu dans les environs de 230 millions de francs. Mais il a beaucoup grossi depuis un an et atteignait d’après le dernier compte trimestriel publié (30 septembre 1890) un total de 344 millions.

A la fin de décembre 1888, le solde des prêts concédés aux départemens, communes et établissemens publics (généralement à 4 1/2 pour 100) était de 94 millions. A la même date les valeurs de caisse et le portefeuille comprenaient, pour un capital de 119 millions, des effets publics constituant une propriété de l’établissement dont 68 millions en rente 3 pour 100 perpétuelle, 41 millions en rente 3 pour 100 amortissable, 8 millions en obligations de chemins de fer, le solde en annuités et en obligations du trésor à long terme.


II.

Nous arrivons à l’attribution que l’on aurait aujourd’hui à considérer comme la plus importante de toutes celles qu’embrasse la Caisse des dépôts, si l’importance devait se mesurer uniquement à l’énormité des totaux d’opérations. Il s’agit de l’accumulation des fonds des caisses d’épargne et de leur transformation en inscriptions de rentes françaises. Le rôle de la Caisse est, en cette affaire, presque exclusivement mécanique. La Caisse, ainsi le veut la loi, ouvre un compte courant à chacune des caisses d’épargne existant en France (il y en a plus de cinq cents). Elle n’a aucune relation avec les déposans eux-mêmes. Les caisses d’épargne ordinaires ne versent à la Caisse des dépôts que l’excédent de leurs