de faire face à la dépréciation que les valeurs acquises pourraient éprouver dans un moment de crise. Ce fonds a été formé sur l’initiative de la commission de surveillance, dès 1860, par l’application d’une portion des bénéfices de la Caisse. La somme mise en réserve chaque année représente l’excédent des revenus produits par l’emploi des fonds, après déduction de l’intérêt de 4 pour 100 payé aux caisses d’épargne. Ce fonds de réserve atteignait, au 31 décembre 1884, la somme de 34,609,509 francs, et fin 1889, 43 millions 1/2.
Lorsque la Caisse d’épargne postale fut créée en 1881, la gestion des fonds provenant des versemens effectués aux guichets des bureaux de poste fut naturellement confiée à la Caisse des dépôts et consignations. Le succès de cette création a été, on le sait, considérable, bien que les déposans de la Caisse d’épargne postale n’aient reçu que 3 pour 100 d’intérêt alors que les Caisses d’épargne ordinaires donnaient de 3 Ir. 50 à 3 fr. 75 pour 100 à leur clientèle.
Au 31 décembre 1884, le solde au crédit de la Caisse d’épargne postale s’élevait déjà à 114 millions. A la fin de 1889, la Caisse des dépôts avait acheté, au compte de cette institution encore si récente, des valeurs sur l’Etat pour un total de 284 millions, dont 199 millions en rente 3 pour 100 amortissable. Si l’on ajoute à ce chiffre le montant du solde-espèces déposé en compte courant au Trésor à 3 fr. 25 pour 100 et qui est légalement limité, depuis 1887, à 50 millions, on obtient 350 millions comme montant probable de l’avoir de la Caisse d’épargne postale dans les premiers mois de 1890. A la fin de juin dernier le compte général des déposans s’élevait à 373 millions.
On doit noter ce point essentiel que la Caisse d’épargne postale est directement propriétaire des valeurs achetées pour l’emploi des sommes déposées par elle. Il n’en est pas de même du portefeuille des valeurs acquises avec les fonds disponibles des Caisses d’épargne ordinaires. Ces valeurs sont, en effet, achetées par la Caisse des dépôts pour son propre compte et à ses risques et périls, bien que placées dans un portefeuille qui est l’objet d’une gestion spéciale. Elles ne constituent point une propriété directe des déposans des Caisses d’épargne, mais font partie de l’ensemble des gages que fournit la situation même de la Caisse des dépôts et consignations. Si le remboursement en espèces devenait un jour difficile par suite de graves événemens politiques ou financiers, les valeurs du portefeuille ne pourraient être réparties aux déposans aux lieu et place du montant déposé. L’interprétation contraire ne saurait être admise; elle est, d’ailleurs, de plus en plus abandonnée. La Caisse des dépôts doit aux déposans des capitaux, non