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dépassent 22 millions et appartiennent à près de 2,000 sociétés. Comme il est impossible d’employer ces capitaux en valeurs rapportant 4 1/2 pour 100, le service d’un intérêt si élevé est une charge très sensible pour la Caisse, dont les bénéfices sont diminués d’autant, et comme ces bénéfices font retour chaque année à l’État, c’est à celui-ci qu’incombe en dernier ressort la perte. Mais il ne viendra à l’idée de personne de trouver regrettable cette subvention indirecte donnée à des institutions populaires, si utiles et si dignes d’être encouragées. Ces observations s’appliquent également à l’intérêt de 4 1/2 pour 100 que la Caisse des dépôts alloue, d’autre part, au fonds de retraites constitué chez elle par les sociétés de secours mutuels au profit de leurs membres participans. Ce fonds est formé : de prélèvemens faits par les sociétés sur leurs excédens de recettes ; de subventions spéciales accordées par l’État ; des dons et legs dont l’acceptation a été approuvée. Cette organisation, qui date d’un décret du 25 avril 1856, a produit de très heureux résultats. Au commencement de 1889, le fonds de retraite géré par la Caisse s’élevait à 35 millions de francs appartenant à plus de 3,500 sociétés. C’est là que sont puisées les sommes nécessaires pour la création, au profit des participans des sociétés, de rentes viagères sur la Caisse nationale de retraites pour la vieillesse. Ces rentes viagères étant constituées à capital réservé, le capital des pensions, rendu libre par le décès des pensionnaires, fait retour au fonds de retraites. A la date indiquée ci-dessus, 25,000 pensions environ avaient été créées, s’élevant à un total annuel de 1,800,000 francs et ayant coûté 40 millions.

La Caisse des dépôts gère en outre les fonds de retraites des administrations et établissemens suivans : l’Assistance publique, l’Imprimerie nationale, le Mont-de-Piété, l’Octroi de Paris, l’Opéra, la Préfecture de police, la Préfecture de la Seine, les préfectures et sous-préfectures des départemens, les mairies, octrois, hospices et bureaux de bienfaisance, la Caisse générale des retraites ecclésiastiques. L’avoir disponible de ces divers fonds de retraites est de près de 7 millions. La Caisse des dépôts reçoit le montant des retenues mensuelles et répartit les pensions. En 1888, elle a payé de ce chef 14,600,000 francs à 16,000 titulaires.

On a déjà pu voir que la situation de « gérant » qu’occupe la Caisse des dépôts et consignations n’est pas une sinécure. Il nous reste, sans que nous ayons la prétention d’épuiser la liste de ses attributions et services, à dire quelques mots d’une de ses plus intéressantes incarnations, la Caisse nationale de retraites pour la vieillesse. Créée en 1850, cette institution est, en effet, gérée par la Caisse des dépôts, sous la garantie de l’État. Les frais de gestion incombent à la Caisse, qui les prélève sur ses produits généraux.