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qu’un court séjour. Peu de mois après, il était rappelé à Berlin, et, en septembre de la même année, le roi lui confiait la présidence de son conseil, avec le ministère des affaires étrangères. A ce moment la Pologne s’agitait ; elle revendiquait les institutions nationales stipulées par les traités de 1815. Bientôt des troubles éclatèrent, et le gouvernement prussien, fidèle aux assurances que M. de Bismarck n’avait cessé de prodiguer durant son séjour à Saint-Pétersbourg, désireux de s’assurer les sympathies de l’empereur Alexandre, offrit à la Russie le concours de ses armes. Le 8 février 1863, les deux puissances signaient un acte secret ayant pour objet la prompte répression du mouvement polonais. Cette première négociation lut le premier succès de M. de Bismarck ; il solidarisait dans le présent et pour l’avenir les intérêts des deux puissances. Il y avait attaché un prix d’autant plus grand que l’Autriche tenait une conduite bien différente. Elle avait toléré, en effet, que l’une de ses provinces, la Galicie, devînt l’arsenal de la révolution. Cette situation tant convoitée, et dont M. de Bismarck avait été chargé de poser les bases à Pétersbourg, était désormais conquise et solidement établie. La Prusse avait repris ses rapports intimes avec la Russie. L’Autriche, au contraire, avait aggravé ses torts, et plus profondément mécontenté la cour de Saint-Pétersbourg. On le vit bientôt dans l’affaire des duchés et plus tard durant la guerre que, déjà à Berlin, on méditait de faire à l’empire des Habsbourg.


II

A la faveur des troubles qui agitèrent l’Europe en 1848 et des difficultés que la révolution créait à l’Autriche, la Prusse avait occupé le Holstein et envahi le Schleswig. Après avoir vaincu l’insurrection hongroise, l’empereur Nicolas, allié de la maison Holstein-Gottorp, et pouvant revendiquer des droits éventuels sur une partie des possessions danoises, somma son beau-frère, Frédéric-Guillaume IV, de rappeler ses troupes ; et on signa à Londres le traité de 1852, qui garantissait au roi de Danemark l’intégrité de ses états. Mais l’esprit de conquête, loin de désarmer à Berlin, devait au contraire s’affirmer hardiment avec le nouveau règne. En prenant possession du trône, Guillaume Ier adressa, à l’ouverture des chambres, un éclatant témoignage de sa sympathie aux Allemands des duchés. La question danoise, malgré le traité de 1852, était encore pendante devant la diète. Certain de ne plus rencontrer