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REVUE LITTÉRAIRE

L’INFLUENCE DE l’ESPAGNE DANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE.

Études sur l’Espagne, par M. A. Morel-Fatio. Paris, 1888-1891 ; Vieweg.

Entre les grandes littératures de l’Europe moderne, il y en a peu, sans doute, qui soient plus riches, mais surtout plus originales que la littérature espagnole, et cependant, il n’y en a guère qui nous soient moins connues. Nous connaissons, ou nous croyons connaître la littérature allemande. Nous en parlons du moins. Et, pour être francs, quoique nous n’y parlions guère que de Lessing, de Goethe, de Schiller et de Heine, il semble qu’en cela même nous en parlions assez convenablement. La littérature anglaise nous est plus familière. Enfin, si nous ne pratiquons pas beaucoup la littérature italienne, nous n’ignorons toutefois ni Dante, ni Pétrarque, ni Boccace, ni Machiavel, ni l’Arioste, ni le Tasse, ni même Alfieri ou Leopardi. Mais, pour la littérature espagnole, on dirait que nous avons pris à la lettre le mot de Montesquieu : « Le seul de leurs livres qui soit bon est celui qui a fait voir le ridicule de tous les autres. » Et, en effet, joignons au nom de Cervantes les noms de Calderon et de Lope de Vega; joignons à Don Quichotte le Romancero du Cid, à cause de Corneille, et le Lazarille de Tormes ou le Guzman d’Alfarache, à cause de Le Sage, c’est à peu près