Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 104.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

2,375,000 garçons soumis annuellement à cette instruction, la grande majorité, assujettie à la nécessité de gagner sa vie, entre immédiatement dans l’apprentissage des professions manuelles. Mais il en est un certain nombre à qui l’état d’aisance de leur famille ou, dans des cas exceptionnels, les secours de l’État, des villes ou des départemens, permettent de pousser plus loin leurs études et de les perfectionner, soit en vue de l’industrie ou du commerce, soit en vue des professions dites libérales : l’instruction primaire supérieure et l’instruction secondaire répondent à ces besoins. Je ne parlerai pas ici de la première, et je ne dirai rien non plus de l’instruction secondaire des filles, à peine ébauchée en France depuis la loi du 21 décembre 1880, et dont les cadres ont été, à mon avis, trop exactement calqués sur ceux de l’enseignement secondaire des garçons.

Au 31 décembre 1887, il existait en France 106 lycées, renfermant 53,816 élèves, et 246 collèges, établissemens d’un ordre inférieur, renfermant 36,086 élèves, dont il convient de déduire 7,083 qui y reçoivent l’enseignement primaire. Cela fait, en nombres ronds, 89,000 garçons[1] recevant l’enseignement secondaire dans les établissemens publics. Pour avoir une idée complète, il faudrait connaître le nombre des enfans qui reçoivent l’éducation dans les établissemens secondaires libres, et principalement dans les établissemens ecclésiastiques, petits séminaires, etc., ainsi que le nombre, beaucoup plus restreint, des enfans élevés dans leurs familles par des précepteurs, ou par des parens instruits ; mais je ne possède pas, à cet égard, de données suffisantes. Peut-être pourrait-on, au moins comme première donnée, évaluer ce nombre à une valeur égale à celui des établissemens publics : ce qui donnerait 180,000 enfans mâles dans les cadres de l’enseignement secondaire. Ce serait à peu près les 7.5 centièmes du chiffre total : soit 1 garçon sur 13 environ. C’est à cette proportion considérable que s’applique la discussion sur les systèmes anciens et nouveaux de l’enseignement secondaire, dont nous allons nous occuper.

Pour achever de fixer les données de la question, je relève encore les chiffres suivans : sur les 53,000 élèves des lycées, on compte 25,000 internes, dont 53,000 boursiers, et 28,000 externes, dont 1,100 boursiers ; cela fait, en tout, 1 boursier sur 9 élèves en moyenne. D’autre part, sur les 36,000 élèves des collèges, il y a 2,300 boursiers internes et 2,400 externes, soit 1 boursier sur 8 à peu près. En définitive, sur deux cents jeunes garçons, en France, il

  1. Au même moment les lycées de filles contenaient 3,330 élèves et les collèges 2,678.