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l’habileté de Washington, soutenue par la vaillance de La Fayette, par la sagesse du comte de Rochambeau, par l’héroïque intrépidité de nos marins et de nos troupes, ainsi que par la valeur des milices américaines. »

Tandis que Washington et Rochambeau réunis établissaient leur camp à Philippsburg, à trois heures de Kingsbridge, premier poste des Anglais dans l’île de New-York, ce mouvement amenait un résultat très avantageux. Le général Clinton avait, en effet, reçu de Londres l’ordre de s’embarquer pour opérer une descente sur les côtes de la Pensylvanie. L’approche des armées ennemies, en l’empêchant d’exécuter ce projet, le retenait dans New-York. En même temps, dans le sud, Cornwallis, n’ayant pu parvenir à empêcher la jonction de La Fayette avec la brigade de Pensylvanie, se conformait aux ordres qui lui avaient été donnés et se repliait par la rivière de James sur Williamsburg et Yorktown. L’amiral de Grasse ayant débarqué avec 3,200 hommes, d’autre part Washington et Rochambeau étant arrivés, toutes les forces combinées investirent York.

Les premiers jours d’octobre, ce siège mémorable commença. Tous les historiens en ont raconté les incidens. On sait qu’il devint nécessaire d’enlever les redoutes de la gauche des ennemis. L’infanterie légère américaine, sous le commandement du marquis de La Fayette et de Hamilton, les grenadiers et chasseurs français, sous les ordres du baron de Viomenil et du marquis de Saint-Simon, marchèrent à l’assaut. Les Américains entrèrent dans le premier retranchement à la baïonnette. Comme le feu des Français durait encore, La Fayette envoya demander au baron de Viomenil s’il avait besoin d’un secours; mais il ne tarda pas à s’emparer de la seconde redoute. Ce brillant succès détermina lord Cornwallis à capituler (17 octobre 1781). L’armée anglaise se rendit prisonnière de guerre.

Le duc de Lauzun et le comte Guillaume des Deux-Ponts furent chargés par Rochambeau de porter en France le texte même de la capitulation. « La pièce est jouée, écrivait La Fayette le 20 au comte de Maurepas, et le cinquième acte vient de finir. »


III.

Il avait à peine eu le temps de dire dans une lettre piquante à Mme de La Fayette : « Voici le dernier instant, mon cher cœur, où il me soit possible de vous écrire; » et le duc de Lauzun achevait à peine de raconter au maréchal de Noailles l’héroïque conduite de son petit gendre, lorsqu’il arrivait lui-même à Paris le 21 janvier 1782, au moment où on ne l’attendait pas. Le