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trois branches de l’enseignement sont théoriquement réunies, elles sont distinctes dans la pratique, et l’élève vise à devenir tantôt professeur de gymnastique dans une école, tantôt instructeur dans un régiment, tantôt gymnaste médical. Aussi existe-t-il trois diplômes différens, qu’on considère comme autant de degrés du même enseignement, le diplôme de pédagogie étant le plus simple de la série et le diplôme médical le plus complet. Toutefois, le diplôme de première année ne donnerait droit qu’à enseigner la gymnastique dans les écoles primaires ou dans les établissemens privés. Pour enseigner la gymnastique dans les établissemens d’instruction publique de garçons ou de filles qui répondent à nos lycées, il faut avoir obtenu le diplôme du degré supérieur et suivi, par conséquent, les trois années de cours de l’Institut. Pour les élèves femmes, qui n’ont rien à faire avec le cours de gymnastique militaire, la durée des études est réduite à deux ans.

Les maîtres qui ont passé par l’Institut forment, dans le corps enseignant de la gymnastique, une sorte d’élite. Mais les cours de l’Institut ne constituent pas l’unique enseignement « normal » de la gymnastique, et beaucoup d’excellens professeurs se forment en dehors de cet établissement. Quelle que soit la source où ils ont puisé leur instruction, le brevet du premier degré peut leur être conféré, pourvu qu’ils subissent les épreuves réglementaires devant les commissions de l’Institut, auxquelles appartient exclusivement la collation des grades.

Dans l’enseignement primaire, il n’existe pas d’autres professeurs de gymnastique que les instituteurs mêmes. Dans les écoles normales primaires où ils se forment, — écoles appelées en Suède « séminaires, » — on leur donne l’enseignement gymnastique en même temps que l’instruction scientifique et littéraire. L’instituteur, en sortant du séminaire, est apte à subir l’épreuve finale qui le nantira de son brevet de gymnaste. Tout instituteur, en Suède, est donc nécessairement gymnaste, et, comme le matériel de la gymnastique suédoise est fort simple, si simple que le mobilier scolaire peut, à la rigueur, en faire tous les frais, il se trouve qu’en établissant une école primaire dans une région, on y installe du même coup un gymnase. Les moindres écoles de hameau sont ainsi dotées, en Suède, d’un enseignement gymnastique très satisfaisant. Bien plus, la gymnastique est parfaitement enseignée, même dans les régions les moins peuplées de la Suède, là où le régime des écoles « ambulantes » existe encore. Dans ces contrées où la population est si clairsemée qu’on ne peut grouper sur un même point un nombre d’enfans suffisant pour former une école, l’instituteur, au lieu d’occuper un centre fixe, réside tour à tour