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ou le cahier ; ceux de la colonne vertébrale sont mis très inégalement en contraction ou en relâchement dans les attitudes affaissées et contournées que nécessitent l’écriture et la lecture. Notre gymnastique n’agit sur ces muscles que dans de rares occasions, et à l’aide des mouvemens du trapèze, des anneaux et de la barre, mouvemens difficiles qui font sentir leurs bienfaits à l’enfant alors seulement qu’après un long apprentissage il est devenu capable d’exécuter certains « tours de force. »

La gymnastique suédoise met ces muscles en travail à l’aide des procédés les plus élémentaires et les plus accessibles à l’enfant, quelles que soient sa faiblesse et son inexpérience. On nous permettra de décrire quelques-uns de ces mouvemens pour mieux faire comprendre l’esprit de la méthode de Ling. Nous aurons ainsi l’occasion de montrer l’ingéniosité des maîtres suédois qui savent, à l’occasion, se passer du concours des appareils spéciaux, et les remplacer par les pièces les plus usuelles du mobilier scolaire.

Prenons un exercice pour lequel l’espalier est d’ordinaire utilisé, l’extension forcée de la colonne vertébrale, exercice des plus efficaces, pour remédier à l’attitude voûtée que prend si souvent le dos de l’écolier. Quand cet exercice s’exécute dans la position debout, le gymnaste se place à quelque distance de l’espalier auquel il tourne le dos, puis il étend les bras, les élève au-dessus de la tête, et, renversant fortement le buste en arrière, il ploie le corps en arc, de façon à former une ligne courbe concave en arrière, et se dessinant à partir des talons jusqu’aux mains. À ce moment, une chute en arrière serait imminente, si les mains ne venaient pas saisir un barreau de l’espalier et y prendre appui. Dans le cas où l’espalier fait défaut, c’est un écolier qui vient le remplacer, en se tenant debout derrière son camarade et en lui offrant l’appui de ses bras placés à la hauteur voulue. On obtient encore la mise en action des muscles du dos à l’aide d’une variante où intervient un engin pris dans le mobilier scolaire, le simple banc sur lequel les écoliers sont assis. L’enfant se couche à plat ventre en travers de ce banc, de telle façon que les jambes le dépassent d’un côté, les épaules de l’autre. Il place ensuite les mains sur les hanches, puis luttant contre la pesanteur qui tend dans cette posture à plier le corps en deux, il redresse le tronc en creusant les reins et relève la tête. Pour que ce moment soit possible, il est nécessaire qu’un camarade, placé de l’autre côté du banc, exerce sur les jambes une pression qui leur donne un point d’appui fixe. Dans les écoles primaires où plusieurs bancs sont rangés les uns derrière les autres, l’intervention de l’aide est superflue, et chaque écolier peut exécuter la manœuvre en engageant simplement les pieds sous le banc placé derrière lui.