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il y a dans le catalogue de la médecine « mécanique » des mouvemens pour toutes les affections médicales ou chirurgicales. Les Suédois ont une gymnastique corrective et orthopédique pour les déviations de la taille et des membres ; ils ont une gymnastique abdominale pour les maladies des organes digestifs ; une gymnastique respiratoire pour combattre diverses affections du poumon, de la plèvre et des bronches. Ils ont des mouvemens de circulation pour régulariser le cours du sang dans les maladies du cœur. Ils luttent encore à l’aide de la gymnastique contre les maladies du système nerveux ; ils connaissent des mouvemens spéciaux, soit pour calmer l’irritation de la fibre nerveuse, soit pour en réveiller l’atonie, mieux que nous ne savons le faire en pareil cas, à l’aide de l’électricité. Ils ont enfin une gymnastique gynécologique, appropriée au traitement des maladies spéciales de la femme et obtiennent de la « cure manuelle » des succès étonnans dans nombre de ces maladies habituellement traitées chez nous par l’immobilité de la chaise-longue, ou même par une opération sanglante, et que nous considérons, au total, comme au-dessus des ressources de l’art médical. — Dans tous les cas où intervient la gymnastique suédoise, le traitement est toujours composé de trois modes de médication que nous avons décrits : mouvemens actifs, mouvemens passifs et massage.

La gymnastique dite a médicale » n’est pas réservée exclusivement aux infirmes, aux éclopés et aux malades. C’est un système conçu dans le même esprit que la gymnastique ordinaire, dont elle représente une forme adoucie. L’atténuation progressive de l’effort met cette forme de l’exercice à la portée des tempéramens les plus délicats et des muscles les plus faibles. Aussi, les Suédois, dès qu’il se présente dans leur santé le plus petit dérangement, pensent-ils aussitôt à la gymnastique. Ils vont demander au gymnaste des « mouvemens » pour se rétablir, comme nous demanderions au pharmacien quelque sirop ou quelque pilule.

En France, les médecins ont bien, depuis quelque temps, l’habitude d’indiquer, dans la plupart de leurs prescriptions, que le consultant devra « prendre de l’exercice ; » mais ce n’est en général qu’un hommage tout platonique rendu à l’efficacité de ce moyen thérapeutique. Où aller, en effet, pour prendre de l’exercice ? — Au gymnase ? à la salle d’armes ? Mais on a défendu les efforts violens. Et l’on ne sait plus que faire si on n’a pas les moyens de monter à cheval, ni le temps de consacrer trois ou quatre heures chaque jour à des promenades à pied. On renonce au remède devant la difficulté de l’appliquer. En Suède, le problème est plus facile à résoudre. Il existe à Stockholm une foule d’établissemens où