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presque palpitant de nos corsets, et surtout de nos modèles. Voilà au moins une industrie qui ne demande pas à eue protégée !

Le tarif de la fonte et des fers était autrefois le champ de bataille où s’engageait avec le plus d’ardeur le duel entre le libre échange et la protection. L’agriculture, en ces temps-là, secondait les libres-échangistes contre les maîtres de forges. Le traité franco-anglais de 1860 a mis fin à cette vieille lutte et réglé, par un acte d’autorité, les tarifs des métaux bruts et ouvrés. Ici encore, il faut croire que le règlement fait en 1860 a été prudemment combiné, puisque l’industrie métallurgique a pu résister à la concurrence étrangère, pourvoir au service des chemins de fer et à nos arméniens, exporter dans les deux mondes des rails, des locomotives, des ponts, des canons, des navires cuirassés, fabriqués de toutes pièces dans nos belles usines et sur nos chantiers. Aussi, le tarif général de 1881 avait-il respecté l’ensemble du tarif auquel la commission des douanes n’apporte, en 1891, pour la fonte et pour le fer, que des changemens peu importans. L’honorable rapporteur, éclairé par les hauts fourneaux de son département, a traité la question avec la modération qui lui est habituelle et avec l’élégante clarté qui convient à un membre de l’Académie, quelque peu dépaysé dans les fourrés de la littérature douanière. Il a combattu vaillamment, peut-être avec trop de succès, contre le dégrèvement de la fonte, matière première de l’industrie des métaux : il a fait valoir l’argument stratégique, qui ne saurait être négligé dans cet âge de l’or. En résumé, presque rien de changé dans les conditions actuelles : rendons-en grâce à la commission -et à son rapporteur.

Il serait fastidieux de reprendre ainsi tous les articles de ce nouveau tarif général, tel qu’il est sorti des délibérations de la commission. La protection, l’on pourrait dire la bienfaisance de la commission s’étend à toutes les industries, même aux plus florissantes, qui n’ont aucunement besoin d’être protégées, à la carrosserie, au caoutchouc, à la poterie, à la porcelaine, à la verrerie. Elle s’impose même à des industries qui repoussent avec énergie ses funestes présens. Son tarit sur le papier, sur les livres, les gravures, etc., a soulevé, dès qu’il a été connu, les plus vives protestations. Aux droits très modérés du tarif conventionnel sur le papier et le carton la commission a substitué des droits presque prohibitifs. A la franchise complète qui favorisait le commerce des livres, des gravures, des cartes géographiques, elle a substitué des droits exorbitans. Quelle étrange contradiction ! Pendant que l’on fait tant d’efforts et tant de dépenses pour mettre l’instruction à la portée de tous, voici que l’on s’avise de surtaxer le papier