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certainement, ses prédécesseurs sous l’ancien régime, épicuriens délicats, n’auraient pas voulu d’une telle vie ; ils auraient jugé que les désagrémens en surpassent les satisfactions.

Même âgé, il paie de sa personne, il officie, il prêche en chaire, il préside à de longues cérémonies, il ordonne des séminaristes, il confirme des milliers d’enfans[1], il visite, une à une, les paroisses de son diocèse ; souvent, à la fin de son administration, il les a visitées toutes, et plusieurs fois. Cependant, du fond de son cabinet épiscopal, il inspecte incessamment ces quatre ou cinq cents paroisses ; il lit ou écoute des rapports, il se renseigne sur le nombre des communians, sur les lacunes du culte, sur les finances de la fabrique, sur l’attitude des habitans, sur les bonnes ou mauvaises dispositions du conseil municipal et du maire, sur les causes locales de dissentiment et de conflit, sur la conduite et le caractère du curé et du vicaire ; chaque ecclésiastique résident a besoin d’être guidé ou maintenu, entre le zèle intempérant et la tiédeur inerte, dans un juste milieu qui varie selon les paroisses et les circonstances, mais toujours de façon à empêcher les faux pas, à parer aux maladresses, à ménager l’opinion, à étouffer les scandales. Car toute la vie du desservant, non-seulement celle qui est publique, mais encore celle qui est privée, domestique, intime, appartient et importe à l’Église : il ne faut pas de mauvais bruits, même mal fondés, sur son compte ; s’il y en a, l’évêque le mande à l’évêché, l’avertit, l’admoneste, et, au besoin, le déplace, le suspend, l’interdit, d’autorité, sans se décharger de l’affaire sur un tribunal responsable, lui-même juge unique et secret, partant, astreint aux recherches, aux anxiétés,

  1. Id., ibid., II, p. 135 : « Dans l’année 1860, il avait confirmé 11,586 de ses diocésains ; il en confirma 11,845 en 1861. » — Vie de M. Dupanloup, par l’abbé Lagrange, III, p. 19. (Lettre à son clergé, 1863.) Il énumère les œuvres qu’il a faites dans son diocèse, « les retraites paroissiales pour lesquelles nous sommes arrivés bien près du chiffre de 100 ; l’adoration perpétuelle du Saint-Sacrement établie dans toutes les paroisses ; la confirmation, non plus au chef-lieu de canton, mais dans les plus petits villages et toujours précédée de la mission ; la visite canonique faite chaque année dans chaque paroisse, partie par l’archidiacre, par le doyen, partie par l’évêque ; .. les vicariats doublés ; la vie commune établie dans le clergé des paroisses ; les sœurs, pour le service des écoles et des malades, multipliées dans le diocèse et propagées de toutes parts ; en ce qui concerne les études ecclésiastiques, le nombre des petits et grands séminaires notablement augmenté ; les examens de jeunes prêtres ; les conférences ecclésiastiques ; les grades institués et relevés ; les églises, les presbytères, de toutes parts reconstruits ou réparés ; une grande œuvre diocésaine, l’œuvre des églises pauvres, et, pour l’alimenter, la loterie diocésaine, l’ouvroir des dames à Orléans ; enfin, les retraites et les communions d’hommes instituées, et aussi dans d’autres villes et paroisses importantes du diocèse. » (P. 46.) (Lettre du 26 janvier 1846 pour prescrire dans chaque paroisse la tenue exacte du Status animarum ; ce status est son critérium pour disposer d’un curé.) « Il faut savoir toujours l’état des Pâques dans sa paroisse, depuis qu’il y est, avant de l’en retirer pour le placer ailleurs. »