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Entre les puits jaillissans et les puits ordinaires se placent les puits à jets intermittens ; le principe en est le même que celui des fontaines intermittentes, et les changemens se succèdent à de très brefs intervalles. Enfin, on a reconnu dans la baie de Baïlof l’existence de deux sources sous-marines, très voisines l’une de l’autre ; elles manifestent leur présence par un faible bouillonnement. L’exploitation en serait probablement difficile et n’a pas été tentée ; elles ne servent guère, comme d’ailleurs les résidus et les débris des raffineries, comme le naphte projeté par les puits jaillissans en trop grande abondance pour être recueilli, qu’à illuminer la nuit la surface de la Caspienne grâce à la présence des gaz inflammables qui s’en dégagent. C’est un magnifique spectacle que celui des gerbes de flamme qui sillonnent la surface des eaux, gigantesque feu d’artifice que Zoroastre eût adoré, que l’industrie future utilisera peut-être et accaparera comme tout le reste.

Il nous reste à ajouter sur le forage et l’établissement des puits quelques détails techniques dont j’ai presque toujours vérifié de mes propres yeux l’exactitude. La profondeur des puits est très variable, et il est à peu près prouvé que les différentes sources de pétrole sont tout à fait indépendantes : ainsi, on creuse 300 mètres à côté d’un puits jaillissant, et l’on ne trouve rien ; un peu plus loin, 200 mètres suffisent pour amener la découverte d’une source. Le maximum de profondeur est à Balakhané de 360 mètres et le minimum de 60[1] ; ce minimum dépasse le maximum d’il y a quinze ans, et l’on en conclut que les réservoirs supérieurs sont épuisés : conclusion juste, mais nullement inquiétante, puisque la profondeur moyenne aux États-Unis est de 500 ou 600 mètres. Au cap Baïlof, dont l’exploitation est plus récente, les puits sont aussi moins profonds. Il est remarquable que la température d’un liquide puisé à de

  1. Voici, pour l’année 1889, la statistique des puits de Bakou (réunion annuelle des industriels) :
    Nombre des puits Profondeur Proportion en tonnes Production moyenne de chaque puits
    29 de 60m à 105m 122,256 4,212
    54 de 105m à 160m 366,768 6,792
    70 de 1.60m à 210m 700,000 10,000
    37 de 210m à 230m 380,000 10,260
    28 de 230m à 255m 367,768 13,000
    23 de 255m à 270m 605,000 26,300
    8 de 270m à 285m 190,000 12,500
    9 de 285m à 305m 130,000 14,000
    2 de 305m à 340m 10,000 5,000
    1 de 340m à 345m 1,216 1,216
    Total 2,780,000 tonnes