Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 105.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

outre la maison mère à Lyon, en a 102 autres, avec 2,226 religieuses, et la congrégation de Saint-Vincent de Paule, outre la maison mère à Paris, en a 88 autres, avec 9,130 religieuses. Souvent, sur la souche rasée par la Révolution, la végétation nouvelle est bien plus riche que l’ancienne : en 1789, l’institut des Frères des Écoles chrétiennes avait 800 membres ; en 1845, 4,000 ; en 1878, 9,818 ; au 31 décembre 1888, il en a 12,245. En 1789, il comptait 126 maisons ; en 1888, il en compte 1,286. — Cependant, à côté des vieilles plantations, quantité de germes indépendans, des espèces ou des variétés nouvelles lèvent spontanément, chacune avec son objet, sa règle, sa dénomination particulière ; le vendredi saint, 6 avril 1792, juste à la date du décret par lequel l’Assemblée législative abolit toutes les communautés religieuses[1], il en naît une, celle des Sœurs de la Retraite chrétienne, à Fontenelle, et d’année en année, incessamment depuis un siècle, çà et là des plants semblables sortent de terre à l’improviste ; l’énumération en serait trop longue ; un grand volume officiel de plus de 400 pages est rempli par le simple relevé des noms, des lieux et des chiffres. — Ce volume, publié en 1878, divise les instituts religieux en deux groupes. Dans le premier, qui comprend les sociétés légalement autorisées, on trouve d’abord 5 congrégations d’hommes qui ont 224 établissemens avec 2,418 membres, et 23 associations d’hommes qui ont 20,341 membres et desservent 3,086 écoles ; ensuite 259 congrégations de femmes et 644 communautés de femmes, qui ont 3,196 établissemens, qui desservent 16,478 écoles et qui comptent 113,750 membres. Dans le second groupe, qui comprend les sociétés non autorisées, on trouve 384 établissemens d’hommes, avec 7,444 membres, et 602 établissemens de femmes, avec 14,003 membres : en tout, dans les deux groupes, 30,287 religieux et 127,753 religieuses. Eu égard à la population totale, la proportion des religieux, en 1789 et de nos jours, est à peu près la même ; c’est leur esprit qui a changé ; aujourd’hui, tous veulent rester dans leur état, et en 1789 les deux tiers voulaient en sortir. Quant à la proportion des religieuses, elle s’est accrue au-delà de toute attente[2]. Sur 10,000 femmes il y avait, en 1789, 28 religieuses ; en 1866, 45 ; en 1878, 67.

  1. Émile Keller, les Congrégations religieuses en France (1880), préface, XXIII, XXVIII et p. 492.
  2. En 1789, 37,000 religieuses (l’Ancien régime, p. 350). En 1866, 86,000 religieuses. Statistique de la France pour 1866.) En 1878, 127,753 religieuses. (État des congrégations, etc.)