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trouvèrent-ils un peuple absolument libre et très jaloux de son indépendance.

Ce fut à la suite d’actes de piraterie commis par des pêcheurs balinais sur les côtes de Java que fut décidée une première expédition hollandaise contre Bali-Boeleleng en 1846. Dirigée par E.-B. van den Bosch, elle aboutit, les 28 et 29 juin, à la prise de Boeleleng et de Singaradja. Le 9 juillet, les princes de ces villes consentaient à traiter avec le gouvernement hollandais et acceptaient ses conditions. En 1848, une deuxième expédition contre trois princes qui s’étaient coalisés donna lieu à un combat, au cours duquel les Hollandais cherchèrent à s’emparer de la forteresse de Djaga-Raga, mais furent repoussés vers la mer et durent regagner leurs vaisseaux. L’année suivante, une troisième expédition amena la prise de cette forteresse, le 24 mai. Une bataille s’engagea et coûta la vie au général Michiels qui commandait l’expédition. Les Hollandais eurent la victoire, mais cette victoire fut moins glorieuse que la longue et courageuse résistance des Balinais. On ne se rendit maître de ces derniers qu’au moment où, croyant la guerre terminée, ils avaient cessé de garder leur forteresse. A la suite de ces événemens, les princes de trois sultanies déléguèrent des ambassadeurs à Batavia pour traiter avec le gouvernement hollandais. L’entrevue eut pour résultat d’assurer l’indépendance à sept sultanies sur neuf, ainsi qu’à l’île de Lombock[1], à condition que jamais elles ne déclareraient de guerre, ni ne concluraient d’alliances, — et de placer les deux autres sultanies sous la surveillance de Batavia. Ces deux dernières, Boeleleng et Djembrana, reçurent, en conséquence, des fonctionnaires et quelques troupes. Elles furent constituées en une assistance-résidence qui dépendit de la résidence de Banjoewangi, — ville de l’extrémité orientale de Java. Depuis 1882, la résidence de Banjoewangi, transformée en assistance-résidence, est englobée dans la résidence de Besoeki, et Boeleleng forme avec Djembrana une résidence désignée sous le nom de résidence de Bali et Lombock. Le résident établi à Boeleleng a charge de faire respecter les conditions posées par son gouvernement aux princes de Lombock et des sept sultanies indépendantes. En 1868, au mois de novembre, le sultan de Boeleleng, Ida-Maderahi, fut conduit en exil à Padang, dans Sumatra. Peut-être était-il un obstacle au succès

  1. Les princes de Lombock, île voisine de Bali, sont Hindous et originaires de Bali. La sultanie balinaise de Karang-Assem débordait un jour de population. Le trop-plein émigra dans Lombock, dont la population était entièrement musulmane. Les nouveaux-venus, bien qu’en minorité, devinrent les maîtres du pays, et aujourd’hui, restés Hindous, au milieu du peuple demeuré mahométan, les princes de Lombock gouvernent avec le concours d’un Arabe, en qualité de ministre.