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les Muséum et Galerie d’art de Birmingham, le Musée des arts décoratifs de Rome, le Musée du Nord et le Musée national à Stockholm, le Musée de la Société centrale des provinces du Rhin à Dusseldorf, le Musée de science et art à Edimbourg, le Musée néerlandais d’Amsterdam. Viennent ensuite le Musée Steeglitz et le Musée de la Société impériale des arts à Pétersbourg, le Musée industriel de Moscou, ceux de Nottingham, Glascow, Salford, Sheffield et Manchester, le Musée des arts décoratifs de Pesth, le Musée d’art et d’industrie de Harlem, le Musée industriel de Cracovie, etc.

De tous les musées, c’est celui du South-Kensington qui est le plus parfait ; il reçoit annuellement bien près de deux millions de visiteurs. Toute école, toute association du royaume a le droit de réclamer sa coopération constante. Grâce à lui, l’Angleterre possède trente-cinq musées régionaux d’art et d’industrie qui sont visités par près de quatre millions d’artistes, d’ouvriers et d’artisans.

Le musée des arts industriels de Berlin est devenu, comme celui du South-Kensington, un conservatoire qui alimente de directeurs et de conservateurs les institutions nouvelles de même genre créées sur tout le territoire allemand.

Le Musée oriental de Vienne est, lui aussi, un véritable musée ambulant. La moitié de ses collections est toujours en circulation, et il suffit qu’une chambre de commerce, une municipalité, fasse une demande justifiée à la société qui a formé et dirige le musée pour qu’il y soit fait droit aussitôt et avec la plus grande libéralité. Voilà un système qui aurait bien de la peine à s’établir en France, où l’État est égoïstement jaloux de tout ce dont il est le gardien.

Cette largeur dans la propagande tient, sans doute, à ce que les institutions pour la propagation de l’enseignement sont l’œuvre de sociétés d’artistes, d’industriels et d’amis des arts. Ainsi, en Angleterre, toutes les écoles d’art et toutes les écoles techniques ont été fondées et sont encore entretenues et administrées par des sociétés et des corporations. Dans ce pays, l’initiative privée a pris une immense extension. Il semble que, pour la plupart des citoyens riches, la fortune ne soit entre leurs mains qu’un dépôt de millions dont ils doivent répartir une partie aux œuvres d’utilité publique. Dans les vieilles familles aristocratiques, il y a des traditions de libéralité qui se perpétuent sans déchéance. L’aristocratie industrielle lui fait victorieusement concurrence pour tout ce qui touche à l’amélioration de la classe ouvrière. Elle y a, il nous semble, plus de mérite que la première, celle-ci possédant presque tout le territoire de la Grande-Bretagne depuis plusieurs siècles.