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droits sur les matières premières, exception faite pour la laine et les produits de ferme. On peut juger de l’esprit du bill en examinant avec soin les chiffres suivans, qui résument l’influence que pourront exercer les changemens du tarif sur le produit des douanes Américaines.

En 1889, les droits d’importation ont donné un revenu total de 161,408,846 dollars. Le tarif Mac-Kinley fait passer sur la liste des marchandises entrant en franchise un ensemble de produits ayant payé 60 millions de dollars. De plus, une certaine réduction de droits a été effectuée sur divers articles. S’il n’y avait pas eu, d’autre part, une augmentation, le revenu douanier tomberait au-dessous de 100 millions de dollars. Si l’on tient compte des accroissemens adoptés, le revenu, à supposer que les quantités de marchandises importées restent les mêmes, s’élèvera à 200 millions environ. Les droits ont donc été en moyenne doublés[1].

Entrons un peu plus avant dans l’examen du bill. Les marchandises frappées de droits sont réparties, dans le tarif Mac-Kinley, en quatorze classes distinctes, subdivisées elles-mêmes en quatre cent quarante-sept chapitres, dont un grand nombre contiennent plusieurs sections. D’une manière générale, les droits n’ont été que faiblement élevés sur les produits chimiques, la poterie, la céramique, la cristallerie, le bois brut et les bois ouvrés, les cotonnades. Ils ont été largement augmentés sur les métaux, le tabac, les produits agricoles, la laine brute et manufacturée. L’établissement des droits sur les produits de ferme a eu pour objet d’apaiser

  1. Les États-Unis ont importé, en 1888-89, pour 740 millions de dollars, et en 1889-90 (année fiscale terminée au 30 juin), pour 790 millions de dollars de marchandises et de produits étrangers.
    Si l’on considère les années se terminant au 31 décembre, on trouve, pour les importations de chacune des deux dernières années, un chiffre sensiblement égal, 820 millions de dollars, qui se décompose en : 535 millions de dollars d’importations soumises aux droits et 285 millions, non taxées ; en 1889-90 : marchandises taxées, 523 millions de dollars ; non taxées, 266 millions.
    Sur le premier chiffre de 740 millions, 400 millions environ, étant soumis aux droits d’entrée, ont produit une somme de 160 millions de dollars, soit une proportion de 40 pour 100, que le nouveau tarif va élever à 52 pour 100. Comme 100 millions de dollars environ de marchandises passent sur la liste des entrées en franchise (y compris les 82 à 85 millions de dollars de sucre brut), les nouveaux droits porteront sur environ 300 à 325 millions de dollars de marchandises, et principalement sur 220 millions répartis en cinq des quatorze groupes d’articles : métaux bruts et manufacturés ; tabacs et cigares ; produits de culture ; lin, chanvre et jute, bruts et manufacturés ; laines brutes et ouvrées. Ces cinq catégories de marchandises, qui jusqu’ici donnaient 96 millions de dollars de revenu douanier, en donneront désormais à peu près le double.
    Il reste 100 millions de dollars environ de marchandises sur lesquelles il n’y a presque pas d’élévation de droits et 400 à 450 millions de dollars entrant en franchise, soit à peu près la moitié des importations.