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des incidens sans importance, de nombreux itinéraires, qui ont été utiles, sans doute, pour retracer l’histoire de la 32e demi-brigade et du 32e de ligne, mais qui ne présenteraient pas d’intérêt pour les lecteurs de la Revue. Il était donc nécessaire de faire des coupures : nous avons tâché, tout en les opérant, de conserver au récit son caractère et son intérêt.

L’entrevue de Tilsit est le vrai prologue de l’invasion du Portugal et de l’Espagne.

Les deux souverains devaient chercher à se plaire, parce qu’ils avaient besoin l’un de l’autre. Ils s’y appliquèrent et y réussirent complètement. Napoléon, vainqueur des Russes à Austerlitz et à Friedland, pouvait se montrer généreux. Il l’avait fait, dès la première de ces victoires, en arrêtant le maréchal Davout dans sa poursuite et en se bornant à exiger la rentrée des troupes russes dans leur pays. L’empereur Alexandre y avait été fort sensible et avait dit alors au général Savary : « Votre maître s’est montré bien grand ; je reconnais toute la puissance de son génie et je me retire, puisque mon allié se tient pour satisfait. »

Il est certain qu’il y eut à Tilsit plusieurs traités : l’un patent, les autres secrets. L’un de ceux-ci établissait une alliance offensive et défensive entre les empereurs français et russe, contre l’Angleterre et la Turquie, si celle-ci n’acceptait pas la médiation de la France. Pour contraindre la Suède à participer au blocus continental, la Russie devait lui enlever la Finlande ; Napoléon allait occuper le Portugal, avec l’agrément, plus ou moins libre, de l’Espagne. On devait prévoir un partage convenable de l’empire ottoman…

Quelques années après, le gouvernement anglais prétendit s’être procuré un exemplaire du traité secret de Tilsit. Il fut publié par le journal anglais the Sun et par la Gazette de Madrid du 25 août 1812. On en trouve le texte dans les Mémoires de Miot, comte de Mélito.

Il y a probablement, dans cette publication, du vrai et du faux. Ce qui peut la faire considérer comme apocryphe, c’est l’article 9, ainsi conçu :

« Le Danemark sera indemnisé dans le nord de l’Allemagne, par les villes hanséatiques, à la condition qu’il consentira à remettre son escadre entre les mains de la France. »

Il est trop clair que les Anglais cherchaient, dans cet article, une excuse pour le bombardement de Copenhague et la destruction de la flotte danoise.

Les deux souverains s’étaient séparés à Tilsit, le 9 juillet 1807. Alexandre avait témoigné plusieurs fois le désir de revoir