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Que l’on s’imagine douze régimens, de trois bataillons chacun, campant en colonnes, par régiment, la droite à la rivière et la gauche à la grand’route et si serrés que l’on ne savait où placer les cuisines. C’est ainsi que nous fûmes campés à Cazalegas pendant plus de trois semaines.

Le roi Joseph vint, de Madrid, au camp pour passer le 1er corps en revue. Les troupes anglaises et anglo-portugaises, les armées espagnoles de Gregorio de la Cuesta et de Venegas semblaient s’être donné rendez-vous à Madrid.

Le 22 juillet, l’avant-garde des ennemis, composée d’Anglais et d’Espagnols, se présenta devant Talavera.

La 1re division, qui avait pris position en avant de cette ville, lut canonnée toute la journée. Elle lut chassée de sa position sans que l’on envoyât à son soutien, afin de protéger sa retraite, une portion quelconque du corps d’armée, qui était campé à une lieue en arrière. Talavera fut occupé par l’ennemi.

L’armée anglaise, venant de Placensia, sous les ordres de sir Wellesley, s’était réunie à l’armée espagnole de la Cuesta, arrivant de l’Estramadure par le pont d’Almaraz. Elles présentaient ensemble environ 60,000 hommes dont 26,000 Anglais ou Anglo-Portugais. Le maréchal Victor n’avait encore que 22,000 hommes.

Le 23 juillet, les deux armées passèrent la journée en présence L’on se canonna de part et d’autre sans s’engager.

Le 24, dans la nuit, le 1er corps se mit en retraite. Nous passâmes par Santa-Ollala, où nous eûmes une échauffourée avec la cavalerie de l’avant-garde ennemie.

Nous fûmes bivouaquer à Torrijos. Le lendemain, nous reculâmes encore, attendant des renforts et fûmes prendre position sur la rive gauche d’un torrent, qui descend du Guadarrama et qui porte son nom.

Nous occupâmes le pont de Cauvin.

Dans la nuit arrivèrent au camp : le 4e corps, venant de Tolède, la division Dessoles, réserve du roi Joseph, le roi lui-même, le maréchal Jourdan et la garde du roi, venant de Madrid.

Après l’arrivée de ces renforts, nous reprîmes l’offensive. Le 26, nous manœuvrâmes toute la journée, comme si l’ennemi était en vue, marchant en colonnes par divisions en masses, gardant entre elles leurs distances de déploiement. Nous n’aperçûmes pas l’ennemi et bivouaquâmes à Santa-Ollala.

Le lendemain 27, l’armée continua son mouvement en avant, marchant dans le même ordre que la veille. L’infanterie souffrait beaucoup de cette formation inutile, en colonnes serrées, pendant la plus grande chaleur du jour.