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médecin sur lequel elle se repose du soin de sa santé, et fait mieux de s’en rapporter à lui qu’au texte judaïque d’instructions inflexibles comme des articles de loi.

Je me garderai donc bien d’en formuler à mon tour, et je vais me borner à indiquer les résultats généraux auxquels l’expérience a conduit pour la prophylaxie de la tuberculose.


III

Ainsi que je l’ai déjà fait pressentir, il faut surtout se défier des produits de l’expectoration. A cet égard, tout le monde est d’accord. On doit éviter de les projeter sur les planchers et sur les murs. Cette recommandation, est-il besoin de le dire ? ne s’adresse pas aux gens bien élevés, qui n’ont pas cette habitude sordide. Il est à craindre que les autres n’en tiennent pas compte ; cependant, il est bon que tout le monde sache que le péril est là. Cette notion se répandra, et l’habitude répugnante de cracher par terre se perdra peu à peu, même dans les classes inférieures, lorsqu’elles en connaîtront les inconvéniens.

Le docteur Armaingaud a trouvé le moyen de concilier le devoir de préserver les gens bien portans du danger de l’expectoration tuberculeuse avec le sentiment de compassion qui porte à cacher aux phtisiques la nature de leur mal. Ce moyen consiste à ne pas faire de ces derniers l’objet d’une exception, en étendant l’interdiction à toutes les personnes atteintes d’affections des voies respiratoires, avec expectoration abondante. Il n’y a qu’avantage pour tout le monde à ce que ces malades ne continuent pas à nous faire subir les désagréables conséquences de leur voisinage et le dégoût de leurs produits.

Dans toutes les habitations collectives et dans la plupart des édifices publics, on trouve aujourd’hui des crachoirs placés de distance en distance ; mais ils sont, en général, remplis de sable ou de sciure de bois, à la surface desquels les produits de l’expectoration se dessèchent. On évite cet inconvénient, en substituant à ces poudres une petite quantité d’eau versée dans les récipiens, qui doivent être, chaque jour, soigneusement désinfectés. Quant aux mouchoirs de poche des phtisiques, il faut les plonger dans l’eau bouillante quand ils cessent de s’en servir, ou tout au moins les mettre à part, dans une boîte fermée, et les envoyer à la lessive sans passer par l’essange.

L’utilité de ces petits soins est admise par tout le monde ; mais l’accord n’est pas aussi complet en ce qui concerne les malades. Les intransigeans de l’hygiène voudraient qu’on les isolât comme des pestiférés. Il serait aussi humain et bien plus logique de