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lettrès C. B. M. (carne bassa macelleria). Ces avertissemens valent sans doute mieux que rien ; mais ils sont loin de présenter autant de garanties que l’ébullition avant la vente dont j’ai parlé plus haut.

Je me suis arrêté bien longtemps sur ces mesures de prévoyance ; je crains même d’être tombé dans le travers que je m’étais promis d’éviter, en donnant des conseils qui ressemblent un peu aux instructions contre lesquelles je me suis élevé. Je ferai observer, toutefois, qu’ils n’en ont ni le dogmatisme, ni le caractère absolu, et j’ajouterai qu’il n’est pas possible de rester dans le vague quand il s’agit de questions de cette importance. Quelque désir qu’on ait de ne pas légiférer, il faut être précis et affirmatif, car toute la question de la tuberculose réside dans sa prophylaxie.

Elle a cela de commun avec toutes les autres maladies qui sont susceptibles de se transmettre. Il est plus facile d’empêcher cent personnes de les contracter que d’en guérir une seule lorsque le mal est déclaré et cela est surtout vrai de la phtisie, la plus inexorable de toutes. On estime, ai-je dit, à 150,000 le nombre des décès qu’elle cause chaque année en France. C’est un chiffre approximatif, puisque nous n’avons pas de statistique mortuaire embrassant tout le pays ; mais il n’est certainement pas exagéré. En admettant que l’ensemble des mesures proposées ne la diminue que d’un vingtième et ce n’est pas se montrer exigeant, cela ferait 7,500 décès de moins par année ; mais ce n’est pas tout. En préservant un sujet de la phtisie, ce n’est pas une existence qu’on sauve, c’est toute une lignée, car nous savons à quel point elle est héréditaire et chacun connaît la désespérante fécondité de ce genre de malades. Toutes ces familles arrachées à la tuberculose, se développant, saines et vigoureuses de génération en génération, devront, au bout d’un certain nombre d’années, modifier profondément la constitution de notre race et c’est là ce qui soutient, encourage et passionne la jeunesse médicale de notre époque.


IV

La tuberculose est-elle curable ? Telle est la question qui s’agite depuis qu’on s’occupe de cette maladie et sur laquelle les découvertes contemporaines ont projeté un jour tout nouveau. Il est bien entendu que je parle de la tuberculose viscérale et plus particulièrement de celle des poumons qui fait à elle seule dix fois plus de victimes que toutes les autres réunies. Quant aux manifestations qui ont leur siège dans les ganglions, les articulations ou les os, le