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symptomatique : ce serait armer à la fois l’exécutif et le peuple contre l’absolutisme des chambres. Dernièrement, l’Économiste français, sous la plume autorisée de son directeur, M. Paul Leroy-Beaulieu, s’exprimait avec sympathie à l’endroit du referendum en matière municipale, disant qu’essayé dans deux villes de France, il avait donné « d’excellens résultats » et s’était montré « conservateur. »

Voilà encore un indice du travail qui se poursuit dans les esprits, et nous pourrions citer aussi cet autre fait, les hésitations, en plusieurs pays, entre le scrutin de liste et le scrutin par arrondissemens restreints ou uninominal, qui attestent le manque d’assiette dans l’édifice politique en même temps qu’un malaise évident.

Il y a donc quelque raison de regarder le parlementarisme, — du moins sous sa forme classique, orthodoxe, de la rivalité entre deux partis qui s’épient, où chacun profite des fautes de l’autre, et, pour un peu, lui aiderait à faillir à sa tâche, qui se disputent le pouvoir sans que, dans l’ardeur de la mêlée, la notion de la patrie conserve toujours son prestige, — comme une forme transitoire dans l’évolution de la démocratie. En outre, ces deux grands partis, qui sont censés se faire équilibre, nous les voyons de plus en plus se fractionner en tronçons dont un seul, en se déplaçant dans un seul vote, peut ouvrir une ère de crise et de désarroi. Il n’y a pas toujours sur le tapis de ces conflits aigus qui forcent les groupes à se masser en deux camps opposés.

Grosses et vitales questions que tous ces problèmes de philosophie politique qui surgissent ici ! Ce sera la tâche des démocraties, éclairées de plus en plus par les leçons du temps et de l’expérience, de chercher la structure la mieux adaptée à leurs besoins. Nous devons nous borner à émettre timidement quelques hypothèses.


Louis WUARIN.