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M. LE COMTE ALEXANDRE DE HUBNER
ET
SES SOUVENIRS DE 1848

Après avoir fait deux fois le tour du monde, M. le comte de Hübner vient de faire un voyage dans son passé. Le récit de ses excursions lointaines a été goûté ; ses souvenirs de 1848 ne le seront pas moins. Il n’était alors qu’au début de sa brillante carrière diplomatique. Simple conseiller de légation, il résidait à Leipzig en qualité de consul-général d’Autriche en Saxe et de chargé d’affaires accrédité auprès des petites cours d’Anhalt, de Schwarzbourg et de Reuss. Il commençait à se lasser de ses fastidieuses et ingrates fonctions, qui n’étaient guère qu’une sinécure, quand, vers le milieu de février, M. de Metternich, qui depuis deux ans lui promettait de l’avancement, le manda à Vienne pour lui confier une importante mission en Italie. On avait constitué à Milan, sous le nom de conférence, une sorte de comité exécutif, composé du vice-roi, archiduc Rainer, du feld-maréchal Radetsky, et du gouverneur de la Lombardie. M. de Metternich avait résolu d’y adjoindre un diplomate, chargé d’entretenir d’étroites relations avec les petits princes italiens, de leur prêcher la résistance aux sociétés secrètes, aux idées dangereuses et au parti du mouvement, et de leur répéter sans cesse que s’ils se sentaient impuissans à se défendre contre les hommes de désordre, l’Autriche était là, qu’elle se ferait un plaisir de leur prêter main-forte.