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courant ordinaire, dont le montant au crédit ne doit pas tomber au-dessous de 10 millions de marks. Les paiemens que la Société faisait pour le compte du gouvernement ont été confiés, hors de Strasbourg, à la poste et à la Banque impériale.

Le nouveau contrat a eu pour conséquence de restreindre certaines branches : le portefeuille et les valeurs ont diminué. Mais la Société a l’avantage d’avoir d’une façon permanente 10 millions de marks de l’Etat à sa disposition.

Il y a 72 banques ou banquiers en Alsace-Lorraine, dont 16 à Strasbourg, 7 à Mulhouse, 4 à Colmar, 8 à Metz, c’est-à-dire 35 dans les quatre grandes villes : les autres sont réparties sur toute la surface du territoire.

Neuf sociétés anonymes fonctionnent avec un capital nominal de 51,800,000 marks (29,500,000 versés). On ne se tromperait peut-être pas beaucoup en évaluant à 100 millions les capitaux responsables des banquiers privés.

Nous avons déjà signalé le fait que les écritures sont tenues en francs et en marks ; ajoutons que beaucoup d’effets tirés en Alsace-Lorraine sont libellés en français. Le 24 janvier 1890, sur 2,510 effets se trouvant dans le portefeuille de la succursale de la Banque d’Allemagne à Strasbourg, 1,405 ou 56 pour 100 étaient en français (pas en francs, parce qu’ils auraient été exclus de l’escompte officiel). On voit même sur ce terrain la résistance de l’élément indigène à l’assimilation germanique. C’est une épine que les Allemands d’outre-Rhin voudraient bien arracher, mais le souhait est plus facile à exprimer qu’à réaliser.

Les sympathies de la population se traduisent efficacement encore par les placemens de capitaux, qui cherchent un débouché dans les valeurs locales ou dans les titres cotés en France. Cela explique que la crise de 1882 ait eu un contre-coup plus sensible en Alsace-Lorraine que celle de 1873 : la première en date avait affecté l’Allemagne, tandis que la seconde a été surtout terrible à Paris.


ARTHUR RAFPALOVICH.