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qui avait été la note dominante depuis huit mois, a fait place à un sentiment plus confiant, bien que la situation de quelques-unes des grandes maisons atteintes par la crise ne soit pas encore bien assurée. Les fonds argentins ont été l’objet d’une tentative assez sérieuse de reprise motivée par des espérances plus que par des faits réels. C’est de la prospérité agricole que l’on attend le remède à la détresse financière à Buenos-Ayres. L’Uruguay, incapable de faire face au paiement du coupon de sa dette extérieure, échéant en septembre, a fait proposer à ses créanciers un arrangement aux termes duquel l’intérêt des dettes 5 pour 100 et 6 pour 100 serait réduit à 3 1/2 pour 100.

Le rouble-papier a constamment baissé à Berlin. Le cours le plus bas a été 202 marks, le dernier est 20/j, soit 2 fr. 55 le rouble. Il y a peut-être quelque exagération dans ce recul si prononcé ; il convient, en tout cas, de signaler le déport de 1 mark coté à la dernière liquidation. L’emprunt d’Orient dont les intérêts sont payables en monnaie de papier, et qui, par conséquent, suit le rouble dans ses variations de prix, a fléchi de 68 1/8 à 66 et s’est relevé seulement à 66 1/2. Les fonds russes or ont, au contraire, gardé des cours assez élevés et sont même en hausse de près d’une demi-unité à 96 3/4 le 1880 et 96 le Consolidé.

Le marché de Vienne a été fort attaqué au début de la quinzaine par les baissiers de Berlin qui, après avoir réussi à faire perdre en deux mois plus de deux unités à la rente 3 pour 100 allemande et prussienne, ont entrepris le même travail de dépréciation sur la rente hongroise. Bien que les budgets de la Hongrie soient en bon état et que la récolte du pays soit satisfaisante, la rente hongroise 4 pour 100, qui est un fonds international, a subi directement l’atteinte des dispositions défavorables qui se sont tout à coup manifestées à Vienne et dont la publication du bilan semestriel de la Creditanstalt a donné le signal. Dans les derniers jours, la réaction s’est dessinée contre cette baisse de spéculation infligée aux valeurs viennoises. Les actions des Chemins Autrichiens et des Lombards, qui avaient fléchi à 607.50 et à 215, ont été portées à 625 et 235. Le Hongrois 4 pour 100 ne s’est cependant pas relevé et reste à 89.15.

Le change brésilien flotte entre 15 et 16, alors qu’avant la révolution il était à 27, c’est-à-dire au pair. La situation financière de ce pays est toujours quelque peu obscure. Les fonds 4 1/2 et 4 pour 100 se tiennent à 75 et 70 environ. Les vendeurs n’osent peser sur ces cours dans l’incertitude où ils sont tenus sur l’état réel des affaires à Rio-de-Janeiro ; mais ces cours mêmes et leur maintien à un taux relativement bas depuis près d’une année indiquent peu de confiance de la part des acheteurs.

L’action de la Compagnie de diamans de Beers a fortement baissé, de 935 à 290, sur des bruits défavorables touchant l’avenir de la