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sorte de compensation qui laisse intact, à quelques centaines de livres près, le total que nous avons indiqué.

Des objections ont été faites par les défenseurs du système actuel; aux plaintes et aux réclamations des non-conformistes, on a répondu, — lord Selborne, notamment, dans son vigoureux plaidoyer en faveur du maintien de l’ordre des choses, — que les ressources matérielles des évêchés gallois et des corporations capitulaires leur sont fournies par la principauté d’abord, on le reconnaît, mais aussi par le fonds général de provenance anglaise dont la commission ecclésiastique directrice a l’administration et le maniement. On ajoute que, par conséquent, Galles n’est pas fondée à demander la séparation si elle n’a pas d’autre prétexte à invoquer que des charges dont une partie n’incombe pas à ses habitans. Ce serait là un argument sérieux, s’il était tout à fait fondé; mais il n’en est rien; la distinction établie par les pamphlétaires officieux existe, cela est vrai, mais d’où tire-t-elle son origine? Est-ce de l’insuffisance des sommes prélevées sur le pays pour l’entretien du culte épiscopal? Nullement, mais de ce que ces sommes, détournées de leur emploi primitif, ont été affectées à d’autres usages. Nous le disions dans la première partie de ce travail, presque immédiatement après la réforme, des revenus de l’église ont été aliénés, attribués pour des raisons et à des titres divers, à certains laïques ; de la principauté, par exemple, on a exigé des contributions qu’elle paie toujours et qui sont venues s’ajouter aux biens de telles ou, telles communautés d’Angleterre. Il n’est donc pas surprenant que les diocèses n’aient plus trouvé dans les impôts acquittés par la population galloise de quoi couvrir leurs dépenses annuelles, puisqu’une partie de cet argent alimentait un budget quelconque, entièrement étranger à celui de la confession anglicane. En s’employant à combler le déficit, l’Angleterre ne fait donc que restituer ce qu’elle a reçu d’un autre côté.

Ce sont là façons de raisonner que les dissidens ont aisément réfutées. L’église officielle n’est pas mieux inspirée lorsqu’elle s’efforce de prouver que le pays ne nourrit contre elle aucun sentiment d’hostilité. Elle rappelle que le législateur de 1836, soucieux d’alléger les contribuables, avait résolu d’opérer la réunion des deux évêchés de Bangor et de Saint-Asaph qui n’en auraient plus, désormais, formé qu’un seul. Elle ajoute que le peuple gallois s’opposa de la manière la plus formelle à la mesure qu’on avait en vue et témoigna d’un désir très vif de conserver les deux sièges. Pareille manifestation, écrit encore lord Selborne, indique clairement que la principauté s’accommode fort bien de l’église, puisque c’est elle-même qui a protesté contre la fusion projetée et qu’aujourd’hui