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faire donner l’armée tout à la fois. Allez ou faites faire ces observations à l’empereur. — Ma foi non! il a donné l’ordre d’attaquer; attaquons! — Eh bien! attaquons! mais vous allez voir comme nous serons battus. » On attaqua, on eut d’abord quelque succès; mais quand on eut gravi les pentes du plateau, on trouva un tel déploiement de forces qu’il fallut redescendre; la nuit était venue, la retraite tourna en déroute ; heureusement l’ennemi ne suivit pas. Ainsi finit cette échauffourée.

Le lendemain, dès l’aube, la canonnade commença. L’armée d’Italie était placée comme la veille, entre le corps saxon de Bernadotte, à gauche, et le corps français de Davout, à droite. Celui-ci fut le premier engagé. L’empereur survint, et s’adressant directement cette fois à Macdonald, il lui dit : « Vous avez enlevé hier soir le plateau de Wagram, vous en connaissez les abords, enlevez-le de nouveau; Marmont attaquera en même temps le village de Baumersdorf; vous vous entendez, ce me semble; je vais vous l’envoyer.» Marmont arriva; tous deux se concertèrent; mais tandis qu’ils préparaient leur attaque simultanée, l’empereur avait déjà changé la destination de Macdonald. L’affaire allait mal à l’extrême gauche, le long du Danube, où Masséna, n’ayant que quatre divisions, avait à soutenir l’effort de soixante mille Autrichiens qui manœuvraient pour atteindre les ponts de l’île de Lobau; s’ils y parvenaient, l’armée française, acculée au fleuve, sans retraite possible, pouvait être prise, cernée, enveloppée dans la plaine de Marchfeld. Averti de ce dangereux mouvement, l’empereur s’était hâte de dégarnir le centre pour renforcer la gauche, et pour regarnir le centre, il appelait Macdonald. A toute minute des officiers d’ordonnance accouraient pour hâter sa marche. L’empereur était sur un monticule; tout à coup, on l’en vit descendre de toute la vitesse de son cheval; Macdonald y courut, et du premier coup d’œil il comprit le motif de sa retraite précipitée. Les Autrichiens arrivaient en masses profondes, n’ayant plus rien devant eux; quelques centaines de pas encore, ils coupaient en deux l’armée française.

Macdonald lança d’abord quatre bataillons au pas de course, puis quatre autres; il les déploya sur deux lignes, puis, pour appuyer ce fronton, il forma, en guise de piliers, le reste de ses divisions en deux solides colonnes; en arrière, et comme sur le seuil, il disposa une partie des escadrons de Nansouty, mis depuis le matin sous ses ordres. Pendant ce temps, à sa gauche, cent bouches à feu, de la garde, des siennes et du corps bavarois, s’alignaient au commandement du général Drouot et ouvraient sur l’ennemi un feu terrible; cependant l’ennemi avançait toujours, répondant de son