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LA FRANCE
L’ESCLAVAGE AFRICAIN
ET LE DROIT DE VISITE


I.

Il s’agissait autrefois de la traite coloniale. Les négriers achetaient des esclaves sur le littoral africain pour les introduire dans les colonies que les puissances maritimes de l’Europe avaient établies en Amérique. C’est ce trafic que le Danemark avait aboli dès 1794, que le parlement anglais proscrivit en 1808 après vingt années de tâtonnemens, que la France s’engagea formellement à faire disparaître de toutes ses possessions dans un délai de cinq ans par un article additionnel au traité du 30 mai 1814. On sait que ce premier combat de la civilisation contre la barbarie s’est prolongé jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais que le droit, l’humanité, la justice ont fini par vaincre : la traite coloniale a vécu.

Ce n’était que le premier épisode d’une longue bataille. Ces appels enflammés par lesquels William Wilberforce avait remué l’Angleterre à la fin du dernier siècle, d’autres Wilberforce, non moins ardens, allaient, de nos jours, les adresser au monde entier. Ceux-ci se nommaient Livingstone, Cameron, Stanley, Burton, Haming Speke, Serpa Pinto, Nachtigal, Moinet, Guillemé, Lavigerie. Ils révélaient à tous les peuples civilisés les horreurs de la traite africaine et leur dépeignaient les expéditions dirigées par les marchands d’esclaves dans l’Afrique intérieure; des hommes, des