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pour ces primes. Tout cela n’a servi de rien pour encourager le commerce, et n’a fait que créer de nouveaux abus, en étendant le champ où s’exercent les sollicitations des députés[1].

La France a trouvé facilement à remplacer la quantité de vin qu’elle tirait de l’Italie ; elle l’a reçue de l’Espagne, du Portugal et surtout de l’Algérie, et sans faire de grands sacrifices de prix[2].

La production de l’huile en Italie a un peu diminué ces dernières années[3]. Il paraît que la mosca olearia a fait des ravages extraordinaires. L’exportation de l’huile a été réduite dans de fortes proportions. De 648,000 quintaux métriques en 1886, elle tombe à 378 en 1890.

La soie est une des principales productions de l’Italie. Les organsins (sorte de soie torse) du Piémont n’ont pas de rivaux dans le monde entier. Tous les produits de la filature des cocons sont appréciés.

Cette industrie a aussi beaucoup souffert de la rupture du traité de commerce avec la France. Voici comment s’expriment à ce sujet les associations séricicoles de Milan et de Turin, dans un rapport officiel publié tout récemment. « La rupture des relations commerciales entre la France et l’Italie fut aussi utile à la concurrence asiatique qu’elle fut nuisible à l’industrie de la filature en Italie. Les fabriques françaises substituèrent aux soies italiennes celles de Brousse, de Syrie, et celles de la Chine et du Japon, où, en adoptant les systèmes de filature européens, on a su perfectionner la qualité des produits au point de la rendre égale à celle des nôtres. »

L’Italie n’est pas un pays industriel ; mais ce n’est pas seulement, comme on le répète souvent, parce qu’elle manque de

  1. Voir un mémoire de M. M. Pantaleoni inséré dans le Giornale degli economisti, Roma, août 1890. Le remboursement ne s’obtenant généralement que fort tard à cause des lenteurs bureaucratiques, les électeurs influens « intéressaient dans leurs affaires certains députés, lesquels, à force de pressions sur le ministère, réussissaient à faire réduire à deux mois, au lieu de quatre ou six, le temps nécessaire pour être remboursé. Le ministre télégraphiait aux intendans des finances pour faire changer arbitrairement l’ordre dans lequel devaient s’effectuer les remboursemens, et malheur à l’intendant qui voulait résister à ces passe-droits! »
  2. L’Algérie, qui n’avait exporté en France que 487,000 hectolitres de vin en 1886, en a exporté 1,581,000 en 1889. L’importation totale de tous les pays en France était de 10,890,000 hectolitres en 1886 et de 10,243,000 en 1889. Le prix du vin, arbitré par la commission permanente des valeurs de douane en France, est, pour les vins en futailles, de 0 fr. 45 le titre en 1886, de 0 fr. 35 en 1887 et de 0 fr. 35 en 1889. Au contraire, en Italie, les vins des Fouilles, n’ayant plus de débouchés, ont baissé considérablement de prix. — Voir dans le journal la Semaine commerciale, Bari, 4 avril et 26 avril 1891, un article sur la Baisse des prix du vin.
  3. 3,390 (1,000 hectolitres), moyenne annuelle de 1879 à 1883; 2,989 en 1888; 1,540 en 1889; 2,647 en 1890.