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officiers-généraux et dix colonels ou lieutenans-colonels sont, au minimum, indispensables pour occuper les emplois réservés aux grades élevés.

A l’état de guerre dans lequel se trouve virtuellement le Tonkin correspondent, pour l’autorité militaire, des droits qu’on ne peut lui contester, sans paralyser ses efforts, sans rendre stériles les sacrifices demandés au pays.

Il y a lieu de donner à l’armée un rôle prépondérant dans la pacification des territoires manifestement troublés, que ceux-ci soient situés dans le delta ou dans les hautes régions ; si le nombre de ses postes était augmenté, si ces derniers étaient reliés par un système de lignes télégraphiques ou téléphoniques, en attendant qu’avec le temps elles puissent l’être par de bonnes voies de communication ; si l’armée disposait de crédits suffisans pour se créer un bon service de renseignemens ; si elle avait le pouvoir de faire accompagner ses détachemens en opération par les fonctionnaires indigènes locaux, elle obtiendrait, grâce à une sûreté et à une rapidité plus grandes de ses informations, la mobilité nécessaire dans les mouvemens de ses colonnes pour que celles-ci puissent avoir une action prompte et efficace : ce qui lui permettrait de poursuivre, de harceler les bandes, de les détruire, de rétablir et de maintenir l’ordre sur ces territoires.

En cas de concours, pour l’exécution de ces expéditions, d’élémens divers, guerre, marine, milices, etc., l’unité de direction doit être assurée d’une manière absolue ; de même tous les services de l’artillerie, de l’intendance, de santé, devraient relever du commandement.

Dans les provinces où la résistance est plus sérieusement organisée, où il faut pour rompre cette dernière une action énergique, méthodique et prolongée, on doit décerner à l’armée la plénitude des pouvoirs par la déclaration de l’état de siège, conformément aux lois et décrets qui régissent, en France, son intervention dans de semblables circonstances. On ne saurait objecter, pour ne pas appliquer ces lois, que le Tonkin est un pays de protectorat : ce sont là subtilités de politique hors de mise quand il s’agit du renom de la France et de l’existence de notre colonie, pour laquelle la prolongation de la crise qu’elle traverse constitue un danger sur lequel on ne saurait trop appeler l’attention des pouvoirs publics.

Nous avons déjà signalé l’urgence de l’augmentation des effectifs actuels de l’armée et du nombre de canonnières ; en ce qui concerne l’armée, cette augmentation peut être facilement obtenue par la transformation de dix mille gardes civils en tirailleurs tonkinois, dont la durée du service devrait être portée à quinze ou vingt ans, moyennant des dédommagemens qui leur seraient