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aimerions à parler plus librement, avec plus d’abondance, plus à loisir surtout, non-seulement pour l’esprit, ou l’intérêt, ou la beauté de l’illustration, mais encore pour la valeur et, si je puis ainsi dire, pour la solidité du texte. Telle est en premier lieu l’Histoire de France[1] de M. Victor Duruy, revue, augmentée, et illustrée de six cent vingt-cinq gravures et de huit cartes. C’est dans ce livre que tous les hommes d’environ quarante à cinquante ans ont jadis commencé d’apprendre l’histoire de la patrie commune ; et ils ont lu bien des Histoires de France depuis lors ; ils en ont lu de sommaires et de développées, ils en ont lu qui flattaient leurs passions, ils en ont lu qui les choquaient : je ne crois pas qu’ils en aient lu de plus rapides, ni de plus lucides, ni de plus impartiales. Historien d’instinct, si M. Victor Duruy n’a jamais caché ses opinions particulières et ses préférences individuelles, il n’en a pas moins toujours su mettre la justice au-dessus d’elles ; et quand elle n’aurait que ce seul mérite, c’en serait assez pour maintenir son Histoire de France en un rang éminent, pour ne pas dire unique. Mais on sait qu’elle en a d’autres, beaucoup d’autres, qu’il nous serait agréable d’énumérer et de louer ici, si nous en avions la place et que, d’ailleurs, ils fussent moins connus. Faute de le pouvoir, bornons-nous donc à féliciter, ou plutôt à remercier la maison Hachette, de l’heureuse idée qu’elle a eue de nous donner de ce beau livre une édition nouvelle, revue, nous le disions, augmentée et ornée de ces illustrations qui sont devenues de nos jours presque indispensables à l’intelligence de l’histoire. N’était-ce pas jadis aussi M. Victor Duruy lui-même qui s’était avisé le premier de faire servir ainsi l’image, — l’image authentique et documentaire, — à vivifier le texte ? son Histoire des Romains, son Histoire de la Grèce, ne sont-elles pas des modèles de ce genre d’illustration ? et n’était-il pas naturel que son Histoire de France, illustrée enfin de la même manière, publiée dans le même format, vînt prendre place dans les bibliothèques à côté de ses aînées ?

Nous aimerions encore à parler des Poésies complètes[2] de M. François Coppée, réunies en un seul volume par l’éditeur Lemerre, et illustrées de trois cents dessins de M. F. de Myrbach. Mais, en vérité, ne serait-ce pas une dérision ? Et si nous avons quelque chose à dire de M. Coppée, de son œuvre en vers, — que nous ne voulons pas croire encore « complète, » — si nous aimerions à en louer l’originalité tout à fait singulière, le caractère d’exactitude et « d’intimité, » et si même nous voulions, comme c’est notre habitude, parmi tous ces éloges, mêler quelques critiques aussi, ne nous permettra-t-on pas d’attendre une

  1. 1 vol. in-8o ; Hachette.
  2. 1 vol. in-8o ; A. Lemerre.