Page:Revue des Deux Mondes - 1891 - tome 108.djvu/937

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

occasion meilleure ? Disons donc seulement quelques mots des dessins de M. de Myrbach, et que nous serions étonnés si M. Coppée ne les préférait pas à ceux que l’on a faits, il y a quelques années, pour une autre édition de ses Œuvres. Car il serait difficile de mieux entrer dans l’esprit du poète, et de mieux traduire avec le crayon, d’une manière plus fidèle, mais en même temps plus personnelle, ce que ses vers ont de plus original, — et j’ajouterai, sans la moindre intention d’ironie, de plus parisien, s’il est vrai que quelques salons, quelques cafés, et quelques boulevards ne soient pas tout Paris. Voyez plutôt la série des Humbles.

C’est aussi de l’illustration qu’il nous faudrait nous réduire à parler dans la nouvelle édition de l’Invasion[1], magnifiquement ornée par MM. Marchetti et Paris d’un dessin à chaque page, de vingt-huit planches en couleurs, et de dix-sept planches en noir. Le moyen cependant de ne pas dire un mot en passant de ces Récits de guerre ? M. Ludovic Halévy n’a rien écrit que nous préférions, pour notre part, à ces pages dont nous admirions hier encore, après bien des années, en les relisant une fois de plus, l’air de vérité, la simplicité, l’émotion toujours aussi vive et aussi poignante. C’est aux jeunes gens que nous recommandons ce livre. Nulle part ailleurs, dans aucun autre, ils ne trouveront l’impression plus fidèle de temps qu’ils n’ont point vus, qu’ils ne connaissent que par ouï-dire, et dont au surplus il ne nous siérait pas de parler plus longtemps dans ces notes sur les Livres d’étrennes. L’illustration, souvent heureuse, n’a-t-elle pas quelquefois, de loin en loin, je ne sais quoi de plus déclamatoire ou de plus théâtral que le texte ? C’est un scrupule que je ne puis m’empêcher de soumettre à MM. Marchetti et Paris.

Le fort beau livre de M. Arsène Alexandre, Histoire des arts décoratifs depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours[2], illustré de quarante-huit planches en couleurs, de douze eaux-fortes et de cinq cents vignettes dans le texte, appellerait des observations d’un autre genre. L’auteur y traite successivement, en effet, des « Arts du bois, » des « Arts du métal, » des « Arts de la terre et du verre, » et des « Arts du tissu, » avec clarté, avec agrément, avec méthode, avec compétence, et au nom d’un principe que nous approuverions encore davantage, si l’application qu’il en fait n’avait trop souvent quelque chose d’inutilement agressif. Il a voulu venger les arts décoratifs, — dentelle et faïence, ébénisterie, serrurerie, — du dédain assurément très injuste, pour ne pas dire un peu ridicule, où les tiennent encore quelques théoriciens intransigeans du grand art, et prouver qu’un meuble de Boulle

  1. 1 vol. in-4o ; Boussod et Valadon.
  2. 1 vol. gr. in-4o ; H. Laurens.