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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre.

À mesure qu’on s’avance d’un pas rapide vers la fin de l’année, nos affaires de France ne semblent pas du tout se dégager et s’alléger. On dirait, au contraire, que tout se réunit pour surcharger et encombrer les derniers jours, que les problèmes les plus délicats, les discussions les plus épineuses se pressent et se concentrent dans le peu de temps qui reste avant d’arriver à une année nouvelle. Ces discussions, qui se multiplient et se prolongent dans nos assemblées, sont certes d’ailleurs de celles où les plus graves intérêts du pays sont en jeu. Par le régime douanier qui occupe encore le sénat, par le budget qui embrasse l’immensité des services publics, elles touchent à tout, à l’avenir de nos industries, à nos finances, à l’organisation et à la force de notre marine, à la politique coloniale, — sans compter les interpellations qui, à leur tour, touchent à la direction de nos affaires morales. Parler de tout à tout propos, c’est fort bien. Seulement, on a trop attendu. On fait trop de discours qui ne sont pas toujours nouveaux ; on se laisse trop aller à tout agiter, à tout recommencer sans cesse, et après s’être attardé dans des débats qui peuvent être brillans, instructifs, mais qui sont aussi démesurés, dénués de sanction pratique, on s’expose à ne rien finir ou à tout brusquer au dernier moment. Si ce n’est pas du temps perdu, c’est du moins un travail parlementaire assez mal organisé, décousu, qui met plus de trouble et d’obscurité que de lumière dans la politique du pays.

Le fait est qu’en quelques jours les discussions de toute sorte se sont multipliées, que dans ces discussions toutes les affaires de la France ont été passées en revue, et s’il faut tout dire, cette courte session d’hiver aura démontré une fois de plus le danger des incertitudes de direction et des entraînemens de parole. Elle aura prouvé que, si le régime parlementaire est la plus libérale des garanties, il peut servir