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LA PAPAUTE
LE SOCIALISME ET LA DEMOCRATIE

II.[1]
L’ÉGLISE, L’INTERVENTION DE L’ÉTAT ET LA LÉGISLATION SOCIALE.

L’Église, avons-nous vu, a désormais une doctrine sociale que certains catholiques prétendent imposer à la foi universelle comme un enseignement de l’autorité infaillible. La papauté, se tournant vers la démocratie, s’est présentée aux foules, un programme de réforme sociale à la main ; et, à l’encontre des courtisans du peuple, elle a déclaré au siècle que le premier article de la réforme sociale devait être une réforme morale. Parole dure à beaucoup d’oreilles ! si bien que, en l’entendant, nombre des sages de ce monde hochent la tête et passent outre. — Est-ce là tout ce que vous avez à nous apprendre ? semblent dire les fils du siècle, nous n’avons que faire de nous arrêter à écouter vos moroses conseils. Le temps de ces leçons de morale est passé ; ce qu’il faut à nos générations impatientes de progrès, c’est quelque chose de plus neuf et de plus substantiel, quelque chose que l’humanité ne peut guère aller chercher à Rome. — Or, l’on dirait que, du fond de sa solitude, le

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1891.