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Les fonds russes ont fléchi sur la publication des prévisions relatives au budget de 1892. Le gouvernement paraît faire état d’un déficit de 75 millions de roubles. Cette première constatation officielle des pertes qu’aura causées l’insuffisance de la récolte de 1891 est suffisamment éloquente. Et que sera la récolte de 1892 après les souffrances terribles de cet hiver ? En Autriche-Hongrie, l’adoption de mesures pour le rétablissement de la circulation métallique avait paru un moment imminente ; on annonce un nouvel ajournement. Les dispositions n’en restent pas moins favorables sur le marché de Vienne, la situation budgétaire étant excellente à Vienne et à Pesth. L’Italien, après avoir fait preuve d’une grande fermeté, a fléchi dans les derniers jours au-dessous de 90. Le cabinet di Rudini persévère cependant avec énergie dans la politique des réductions de dépenses ; on doute seulement de la possibilité d’un retour à l’équilibre aussi prompt que l’avait annoncé M. Luzzatti.

L’emprunt extérieur émis en Espagne a échoué. Le syndicat a dû garder les titres en grande partie. L’opération n’a apporté qu’un soulagement momentané aux embarras du Trésor et de la Banque d’Espagne. Le change s’est maintenu à 14 pour 100 ; M. Camacho a réussi à fortifier l’encaisse métallique or et argent, mais la circulation fiduciaire dépasse maintenant 820 millions. L’attitude du gouvernement espagnol dans la question douanière et les événemens du Maroc ont encore ajouté aux causes diverses qui font tenir en suspicion sur notre marché l’Extérieure d’Espagne, valeur jadis favorite. L’assemblée des actionnaires de la Compagnie des chemins de fer portugais a eu lieu le 7 janvier à Lisbonne. On a dû y constater la ruine de l’entreprise. Des malversations ont été en outre découvertes, et une enquête a été ordonnée. La conséquence de ces décisions a été la démission, comme ministre des finances, de M. Marianno Carvalho, ancien administrateur de la Compagnie. Ces incidens ont provoqué de nouvelles ventes des valeurs portugaises.

Les fonds turcs ont été fermes, et il s’est produit une certaine reprise sur les Argentins et les Brésiliens.

Les titres des sociétés de crédit ont été lourds en général, mais les différences de cours ont été peu importantes. Les valeurs industrielles sont restées assez fermes, sauf le Suez, qui a reculé sur la prévision de moins-values en 1892 par suite de la médiocrité des récoltes de céréales dans l’Inde.

Sur le marché du comptant, le trait caractéristique a été un nouvel affaiblissement des prix sur presque toutes les catégories d’obligations des chemins de fer espagnols.

Le directeur-gérant : Ch. Buloz.