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LES ANGLAIS EN BIRMANIE.


épreuves compliquées, attesté non-seulement leur mérite, mais encore leur supériorité. Et, sauf des cas ou des circonstances extraordinaires, nul ne peut devenir ingénieur, professeur, inspecteur, qui n’a point passé par ces concours. D’autres administrations, moins exigeantes, se réservent bien de nommer exceptionnellement aux emplois supérieurs des personnes qui n’ont point subi de concours, mais elles tiennent cependant à mettre un concours à l’entrée de la carrière : c’est ce que font le conseil d’État, la cour des comptes, etc. Et ces examens, ces concours ne sont point des jeux d’enfans ; ce sont des épreuves de l’ordre le plus élevé, et ceux qui les ont subies sont presque des maîtres. Notre corps d’ingénieurs n’a, comme science, pas de rival dans le monde ; notre corps enseignant marche au moins de pair avec ceux des nations les plus cultivées ; quant à nos inspecteurs des finances, leur mérite est assez éclatant pour que les établissemens privés les disputent à l’État à prix d’or.

Ainsi, en France, pour le recrutement des fonctionnaires les plus importans, le concours est la règle. À cette règle, il n’est qu’une exception un peu considérable : c’est celle du recrutement de l’administration préfectorale. Mais cette exception est bien de celles dont on dit qu’elles confirment la règle. Quelles doivent être les qualités maîtresses d’un préfet ? Sont-ce les qualités spéciales du jurisconsulte, du financier, de l’ingénieur, etc. ? Nullement. Sans doute, le préfet aura à s’occuper de droit, de finance, de travaux publics, d’enseignement, d’assistance, et son incompétence absolue dans l’une de ces matières serait préjudiciable à l’État. Mais bien plus préjudiciable encore serait son défaut de sens politique. Le préfet, au moins dans notre conception française, est avant tout un agent politique. Ce qui constitue un bon agent politique, ce n’est pas la science du droit, des finances ou des mathématiques appliquées ; c’est un ensemble de qualités de divers ordres, qui risquent fort d’échapper aux juges des concours et dont le ministre de l’intérieur se réserve, sous sa responsabilité, de constater la présence chez les candidats aux fonctions dont il dispose, Ainsi, pour cette administration préfectorale si importante, l’absence de concours se justifie amplement ; et, d’une façon générale, nous pouvons bien dire que les hauts fonctionnaires en France se recrutent principalement par voie de concours.

Toutefois, — et là apparaît le phénomène curieux que nous signalions, — cela n’est vrai que des fonctionnaires de la métropole. Les professeurs, par exemple, qui ont au-dessus d’eux et surtout près d’eux un inspecteur d’académie, des inspecteurs généraux, au besoin le conseil supérieur de l’instruction publique et, plus