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LES ANGLAIS EN BIRMANIE.


précieuse. En second lieu, ils ont évité de faire à ces fonctionnaires improvisés des conditions trop belles, et de les placer tout de suite dans des postes trop hauts où la science de l’administration est plus nécessaire, et l’éducation technique moins facile. À cet égard, l’exemple de ce qu’ils ont fait en Birmanie est instructif. M. Colquhoun, un de ceux que nous avons cités plus haut, avait, non sans mérite, servi dans le corps des ingénieurs ; il avait, en outre, pendant plusieurs années, exploré la région frontière entre la Chine et la Birmanie, et s’était, avec un succès considérable, fait près du grand public anglais, l’apôtre de la pénétration au Yunnan par la Haute-Birmanie. À ces titres, il se recommandait doublement au choix du gouvernement de l’Inde. On le choisit en effet, et on le plaça dans le district de Bhamo, centre de la région qu’il avait parcourue. Mais on ne lui donna que le grade de deputy commissioner de quatrième classe [1].

Ainsi, une fois de plus, nous constatons le bon sens et la prudence du gouvernement de l’Inde. Fonctionnaires dès longtemps préparés du covenanted service, et outsiders de l’uncovenanted service rencontrés par hasard et cueillis au passage, il a su à merveille recruter l’un et l’autre corps, leur mesurer les avantages avec justice et à-propos, et en tirer le maximum d’utilité. Reste à voir ce que valent les fonctionnaires ainsi recrutés.

IV.

Il est malaisé de se former une opinion sur ce sujet. Je dois cependant en dire, et j’en dirai, avec toute la réserve possible, mon sentiment. Comme je n’ai point voyagé dans le pays et qu’ainsi je n’ai pu même tenter de faire par moi-même une enquête d’ailleurs bien périlleuse, je ne puis chercher qu’au dehors les élémens d’information. J’en sais deux : l’un est l’œuvre que les fonctionnaires de l’Inde auront su édifier ; l’autre est l’opinion qu’auront rapportée de ces fonctionnaires des témoins perspicaces et véridiques.

Il ne faut même pas songer à décrire de la façon la plus sommaire ce que les Anglais ont fait dans l’Inde. Ce serait d’ailleurs bien superflu : la valeur de leur œuvre n’est plus contestée. Des recherches récentes ont même fait tomber une partie des abominables

  1. Je pourrais citer encore l’exemple de onze fonctionnaires provenant les uns des services techniques, les autres de l’industrie privée et qu’on nomma seulement aide-commissaires de 4e classe.