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LES ANGLAIS EN BIRMANIE.


dispose, peuplée d’ailleurs de moins d’Européens et pourvue de moins d’agrémens, la Birmanie est, on le conçoit facilement, assez impopulaire parmi les fonctionnaires du civil service. Or, nous le savons, les fonctionnaires choisissent, d’après le rang qu’ils ont obtenu au concours, la partie de l’Inde où ils désirent aller ; la Birmanie n’a pas leurs préférences et doit se contenter des derniers d’entre eux. Toutefois, les derniers d’une élite sont encore distingués : notre observation ne suffit donc pas à rendre compte des insuffisances constatées en Birmanie. Voici qui complète l’explication.

Les fonctionnaires du civil service ne sont pas recrutés pour l’ensemble de l’Inde. Avant chaque concours, les commissaires de ce service, calculant d’avance le nombre des vacances, publient qu’ils disposeront de tant de places pour les provinces hautes du Bengale, de tant pour les provinces basses, et ainsi de suite pour les présidences de Bombay et de Madras et pour la Birmanie. À la suite du concours public, les candidats qui ont été admis {selected candidates) désignent entre ces parties de l’Inde celle où ils souhaitent servir, celle où, le plus souvent, se fera tout leur avancement, et ils commencent, dès le temps de la probation, à orienter en conséquence leurs études. Ils s’instruisent plus spé-

    linski (juin 1891), plus dur à supporter que celui des Indes. La chaleur en est débilitante, l’extrême humidité pernicieuse et certaines maladies : choléra, béribéri, y sont à l’état endémique ou y reparaissent périodiquement. Durant la campagne, la proportion des morts et des maladies a été considérable. Les transports de l’État ne suffisaient pas à rapatrier les malades. En 1888-1889, la mortalité était encore de 5.32 pour 100. La Haute-Birmanie est, d’ailleurs, plus salubre que la Birmanie inférieure ; un peu plus fraîche, elle est plus reconstituante, et certains hauts fonctionnaires, par exemple, M. Crosthwaite, s’arrangeaient pour résider, suivant les saisons, alternativement à Rangoon et à Mandalay. Toutefois, des points situés bien plus au nord n’en sont pas plus habitables : Bhamo n’est tenable que neuf mois sur douze, et M. Colquhoun, tout acclimaté qu’il fût, dut prendre un congé au bout de quinze mois de séjour. Pendant les expéditions de 1890-1891, on rencontra des endroit» particulièrement malsains : notamment le fort White, sur la frontière des Chins, le district de Yaw, dans les États shans, le district des mines de jade, etc. Au fort White, i)4 pour 100 de la garnison, à un moment, furent à l’hôpital : Indiens, Européens, indigènes, étaient également atteints. Dans la ville de Minthoo, la garnison, composée de l’état-major et de trois compagnies du 20" d’infanterie de Madras, ne pouvait envoyer que 35 hommes à la parade. Un dernier rapport indique que 44 pour 100 de l’effectif étaient à l’hôpitaL On a cherché, dans les régions montagneuses, par 6,000 et 7,000 pieds d’altitude, à établir des sanatoria dans le genre de ceux de l’Inde. On crut en avoir trouvé à Engouk d’abord, à Bernardmyo, près de Mogok, ailleurs encore, sur un haut plateau en face de la station de Bingway : au bout de peu de temps, on s’aperçut que ces prétendus sanatoria s’étaient pas moins insalubres que le reste du pays. Toutefois, l’insalubrité de la Birmanie n’est pas invincible. Il ne faut, pour en triompher, que des habitations hygiéniques, des travaux d’adduction d’eau et d’égouts, une hygiène raisonnée, des hôpitaux et des médecins en nombre suffisant : c’est affaire de temps et d’argent.